France
Un tribunal de Paris rendra son verdict ce mardi à l'issue du long procès de Laurent Bucyibaruta, l'ancien préfet rwandais accusé d'avoir aidé et encouragé le génocide qui a fait des centaines de milliers de morts dans le pays en 1994.
Jerry Fisayo Bambi, journaliste pour, Africanews, a suivi les débats entamé il y a maintenant neuf semaines.
"Je n'ai jamais été dans le camp des tueurs" : l'ancien préfet rwandais Laurent Bucyibaruta, jugé à Paris pour sa participation présumée au génocide des Tutsi en 1994, a une nouvelle fois clamé son innocence mardi, au dernier jour de son procès.
L'accusation a requis vendredi la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de l'accusé de 78 ans, qu'elle considère complice d'un massacre de Tutsi et auteur de quatre autres dans sa préfecture de Gikongoro.
Sa défense a plaidé lundi l'acquittement, appelant la cour d'assises de Paris au "choix du courage".
Dans ses derniers mots aux magistrats et aux jurés avant qu'ils ne se retirent pour délibérer, l'ancien haut-fonctionnaire a tenu à s'adresser "aux rescapés du génocide".
"Je voudrais leur dire qu'il ne m'est jamais venu à l'esprit de les abandonner aux tueurs", a déclaré Laurent Bucyibaruta, veste beige sur chemise bleu ciel, masque chirurgical sous le menton.
"Est-ce par manque de courage ? Est-ce que je pouvais les sauver ? Ce sont des questions, même des remords qui me hantent depuis plus de 28 ans", a poursuivi l'ex-préfet, qui vit en France depuis 1997 et comparaît libre à l'audience.
Le verdict est attendu dans la soirée.
Tokunbo Salako : Ala demande des procureurs Laurent Bucyibaruta, encourt la perpétuité même s'il n'est pas directement accusé d'avoir tué quelqu'un, n'est-ce pas ?
Jerry Fisayo-Bambi : Oui, en effet. S'il y a quelque chose que cette affaire nous rappelle. C'est le rôle de la responsabilité et du leadership, en particulier pour ceux qui, dans des circonstances accablantes, choisissent de détourner le regard et de ne pas agir lorsque des crimes odieux sont commis sous leur gouvernance.
Cette affaire met également en avant le rôle de la France dans le génocide et la poursuite des suspects, dont beaucoup ont cherché refuge ou ont été protégés dans ce pays pendant des décennies.
Laurent Bucyibaruta est le chef de la police au moment du meurtre des milliers de Tutsis par les voisins Hutus en 1994 et il est accusé d'avoir supervisé certains des actes ignobles qui ont eu lieu. Les meurtres d étudiants dans une école secondaire, dans des églises, en prison, des meurtres de Tutsis qu'il avait juré de protéger. Bon nombre des témoins et survivants ont affirmé aujourd'hui que sa promesse de protection était en réalité un piège.
Tokunbo Salako : Pourquoi ce procès se tient-il en France ? Rappelez-nous les raisons.
Jerry Fisayo-Bambi : Il y a eu beaucoup d'interrogations sur le rôle de la France dans ce génocide. Emmanuel Macron, le président français, veut aujourd'hui construire un nouvel avenir avec le Rwanda. L'année dernière, il était à Kigali et il a promis que certains des suspects seraient poursuivis. Maintenant, il y a environ 100 suspects qui seraient en France. 30 d'entre eux font actuellement l'objet d'une enquête. Laurent Bucyibaruta est le suspect le plus important jugé ici en France. Et je pense que c'est une aube nouvelle pour la relation entre la France et le Rwanda, surtout en ce qui concerne son passé.
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