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Cameroun : le combat pour la pérennisation du ndop

Momo Sylvie et Yougo Solange, travaillent avec du tissu ndop pour créer des motifs à Baham, le 4 juin 2022.   -  
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DANIEL BELOUMOU OLOMO/AFP or licensors

Cameroun

Au Cameroun, plus de 13.500 chefferies traditionnelles avaient été recensées en 2018, dans les 10 régions du pays. Ces notables se distinguaient par une tenue qui leur était réservée le '' Ndop''. Cette tradition est en perdition. Des voix militent pour sa sauvegarde.

Wambesso Fankam sort du lot au milieu d'une cérémonie funéraire à Batié, dans l'ouest du Cameroun, où retentissent balafons, tambours et tam-tams.

Le prince arbore un long boubou bleu assorti de motifs blancs. "C'est un ndop’’. Mais il n’est pas porté par qui le veut, cet habit d’apparat est réservé aux chefs traditionnels, aux notables et membres de sociétés secrètes au Cameroun.

" Au départ, le tissu Ndop était réservé aux princes. Et même pas à tous les princes, seulement à ceux qui avaient déjà été initiés. Aujourd'hui, c'est l'affaire de presque tout le monde puisqu'il est vendu sur les marchés. ", explique Wambesso Fankam, prince local de Batie

Pour sa fabrication, il faut aussi aller chercher le raphia. A Baham, dans la région où le ndop est encore confectionné, Solange Yougo s'active. L'artisane de 52 ans tisse un modèle, à l'aide d'une aiguille et de fibres prélevées sur les feuilles de raphia. Certaines pièces peuvent nécessiter jusqu'à un mois de travail. Solange a hérité ce savoir de sa mère.

" C'est un nouveau tissu. Je vais commencer à travailler sur un autre après. Ma mère m'a appris à coudre ces deux lignes quand j'étais plus jeune. J'avais huit ou neuf ans. Ma mère m'occupait en me disant de ne pas faire d'autres choses. Elle m'a d'abord appris à tisser les deux lignes comme celles-ci. Il m'a fallu du temps pour apprendre à les broder", sopuligne-t-elle.

Un travail éreintant donc pour un tissu respecté. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, le Ndop a perdu son caractère sacré même s’il reste hors de prix pour le camerounais moyen, 150 euros. Mais depuis février 2020, l'étoffe a été classée au patrimoine national camerounais par le ministère des Arts et de la Culture. Mais encore faut-il pérenniser la tradition.

"Nous avons décidé de revaloriser le tissu Ndop et de le moderniser parce que lorsque les choses sont un peu trop traditionnelles, certaines personnes n'aiment pas beaucoup. En l'utilisant de cette façon, on peut avoir une chose traditionnelle qui est moderne en même temps. Du coup, ceux qui aiment la modernité ont un accessoire comme celui-ci par exemple.", a déclaré Doriane Teguia, créatrice camerounaise.

Et ce tissu est aussi tourné vers l’export. En 2018, la maison de luxe française Hermès a présenté une collection de foulards en soie reprenant certains de ses motifs du ndop. Le Cameroun plaide pour son inscription au patrimoines de l’Unesco.

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