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Près de 14 000 civils fuient les violences dans le nord du Soudan du Sud

Près de 14 000 civils fuient les violences dans le nord du Soudan du Sud
Soudan du Sud   -  
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Sud-Soudan

Depuis cinq jours, Detoh Rie vit dans les marais du comté de Leer. Comme environ 14 000 personnes, il a fui le récent regain de violences dans cette région du Soudan du Sud, plongée dans le malheur depuis près d'une décennie.

Des combats ont éclaté vendredi dans cette partie de l'État de l'Unité, dans le nord du pays, entre des troupes du SPLA-IO du vice-président Riek Machar et des forces qui ont fait défection de ce mouvement en août dernier pour rejoindre le camp de l'ennemi juré de Machar, le président Salva Kiir.

Les directions militaires des deux camps basées dans la capitale Juba ont immédiatement appelé à une fin des hostilités. Les combats ont duré jusqu'à dimanche, et les civils de ce comté à l'histoire sombre - où la famine avait notamment été déclarée en 2017, durant la sanglante guerre civile qui a opposé Salva Kiir et Riek Machar entre 2013 et 2018 - ont une nouvelle fois payé un lourd tribut.

"Des soldats ont attaqué nos villages et brûlé beaucoup de nos maisons. Ils ont pris nos vaches, nos chèvres et ils ont tué des gens", raconte Detoh Rie. "Toute notre nourriture a été brûlée dans nos maisons, nous n'avons plus rien à manger", explique ce père de famille de 51 ans.

Dans un communiqué lundi, la mission de l'ONU au Soudan du Sud (Unmiss) affirmait que "de nombreux villages au sud de la ville de Leer (ont) été pillés et incendiés" et s'inquiétait également d'informations faisant état de la destruction du port voisin d'Adok, sur le Nil Blanc, "deuxième pôle économique de l'État".

Les forces de maintien de la paix "ont intensifié les patrouilles", a indiqué mardi la porte-parole Linda Tom à l'AFP, évoquant "des informations inquiétantes sur des violences sexuelles, des pillages et des destructions". Selon le préfet du comté de Leer, Stephen Taker, 13 930 déplacés avaient été recensés lundi. "Tout ce qu'ils avaient a été pillé. La situation est vraiment grave."

Le nombre de déplacés pourrait être bien plus élevé, estiment les autorités, car certains n'ont pas encore atteint les infrastructures d'aide et d'autres, comme Detoh Rie, préfèrent se réfugier dans les marais alentours.

Kou Tek a marché près de quatre heures avec sa famille pour aller se cacher au plus profond des marais. Il affirme que dans son village, Waay, les assaillants ont violé des femmes et des filles. Il dit également avoir vu de ses yeux huit cadavres, essentiellement d'hommes abattus. Loin des combats, le quotidien dans les marais reste de la survie.

"Les enfants puisent l'eau des rivières qui n'est pas saine, beaucoup ont de la diarrhée et ne reçoivent aucun médicament", souligne ce père de trois enfants, âgé de 39 ans. "Eux et les personnes âgées souffrent énormément et la plupart d'entre eux meurent aussi de faim".

Dans la localité de Muon, les déplacés accueillis dans un camp militaire "sont en état de choc", affirme Paulino Kuch Mawich, coordinateur de la Commission secours et réhabilitation de l'Unmiss. "Ils ont besoin de nourriture, d'abris, d'eau et de soins médicaux, mais il est difficile d'estimer quand l'aide humanitaire dont ils ont tant besoin leur parviendra".

Les organisations humanitaires ont évacué leur personnels, en raison des violences qui les visent régulièrement. Ces combats viennent aggraver une situation humanitaire déjà "désastreuse" selon l'ONU dans cette région du Soudan du Sud, plus jeune pays du monde qui vit dans l'instabilité politique, économique et sécuritaire depuis son indépendance du Soudan en 2011.

L'État de l'Unité a été frappé depuis plusieurs mois par les pires inondations du pays depuis 60 ans. Fief de Riek Machar, la région de Leer a auparavant été régulièrement ravagée par les combats entre forces pro-Kiir et pro-Machar.

Elle a été un des épicentres de la crise humanitaire causée par les cinq ans de guerre civile, qui ont fait près de 400 000 morts et des millions de déplacés. L'état de famine y avait été déclaré entre février et juin 2017.

En 2018, le Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU avait dénoncé de possibles crimes de guerre dans cette région.

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