République démocratique du Congo
L’organisation britannique de défense des droits humains Minority Rights Group affirme dans un rapport publié mercredi que des militaires et des gardes du parc national de Kahuzi-Biega (PNKB), dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), ont commis des crimes à l’encontre de populations autochtones pygmées vivant dans le parc.
Le PNKB, sanctuaire des derniers gorilles des plaines de l'Est, situé dans la province du Sud-Kivu, a été classé patrimoine mondial en péril par l**’Unesco** dans les années 90 du fait de guerres récurrentes et de la présence de nombreux groupes armés dans la région.
Depuis 2018, un conflit violent oppose les pygmées Batwa aux gardes du PNKB, malgré des initiatives de médiation. Le parc accuse les Batwa d’occuper illégalement la forêt, de couper les arbres pour faire du charbon de bois et d’avoir tué et blessé des gardes. De leur côté, certains Pygmées estiment avoir été spoliés de leur terre lors de la création et de l’extension du PNKB et veulent les récupérer.
Exactions documentées
Basé sur une enquête de terrain et plusieurs dizaines de témoignages, le rapport de Minority Rights Group (MRG) dénonce des "attaques minutieusement préméditées, (qui ont visé) des populations civiles". Les exactions documentées s’étendent de 2019 à 2021. Assassinats, viols en réunion, mutilations, utilisation de mortiers et de roquettes...
Selon les auteurs du rapport, les faits décrits pourraient relever de crimes contre l’humanité. MRG déclare avoir collecté des preuves directes de la mort de "plus de 20 membres" de la communauté Batwa et de viols collectifs d'au moins 15 femmes "pendant cette campagne d’expulsion forcée qui a duré trois ans".
Durant cette période, les gardes du PNKB, dont certains seraient responsables de ces crimes, ont, d’après MRG, reçu un soutien financier et technique des "gouvernements allemand et américain, ainsi que d’organisations internationales de conservation telles que la Wildlife Conservation Society".
Flou juridique
Une commission d’enquête vient d’être mise sur pied sur instruction du directeur de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) afin de vérifier les allégations de violations des droits humains par les personnels du PNKB. Cette "commission est à Bukavu depuis le 4 avril" et va se rendre sur place, indique Georges Muzibaziba, directeur de la cellule des droits de l'homme de l’ICCN.
Un flou juridique existe entre les lois qui encadrent la gestion des aires protégées et celles garantissant le droit des populations pygmées à jouir de leurs terres ancestrales. Le 7 avril 2021, une proposition de loi sur la protection et promotion des droits des peuples autochtones a été adoptée par l’Assemblée nationale de la RDC.
Elle garantit, entre autres, la "reconnaissance aux droits à la terre et aux ressources naturelles que les peuples autochtones pygmées possèdent, occupent et utilisent traditionnellement". Cette loi est en relecture au Sénat depuis un an.
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