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Burkina Faso : Blaise Compaoré condamné à vie dans le "procès Sankara"

Blaise Compaore   -  
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Francois Mori/AP

Burkina Faso

Les trois principaux accusés de l'assassinat de l'ex-président du Burkina Faso Thomas Sankara en 1987, dont l'ancien chef de l'État Blaise Compaoré, ont été condamnés mercredi à la prison à perpétuité par le tribunal militaire de Ouagadougou.

Outre Blaise Compaoré, les deux autres condamnés à la prison à vie sont le commandant de sa garde à l'époque des faits, Hyacinthe Kafando, et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l'armée lors du putsch de 1987.

Le général Diendéré purge déjà une peine de 20 ans de prison pour sa participation à une tentative de coup d'État en 2015, un an après la chute de Blaise Compaoré suite à une insurrection populaire.

Blaise Compaoré, en exil en Côte d'Ivoire depuis sa chute, et Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016, étaient les grands absents de ce procès fleuve qui avait débuté il y a six mois.

Attentat à la sureté de l'État

Les trois hommes sont condamnés pour "attentat à la sûreté de l'État". Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont également reconnus coupables de "complicité d'assassinat" et Hyacinthe Kafando, soupçonné d'avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara, d'"assassinat".

Ils ont 15 jours pour faire appel de ces lourdes sentences. Les juges sont allés au-delà des réquisitions du Parquet militaire qui avait demandé 30 ans de prison contre Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando et 20 ans contre Gilbert Diendéré.

Huit autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois ans à 20 ans de prison. Trois accusés, enfin, ont été acquittés. Le verdict a été accueilli par des applaudissements dans la salle du tribunal.

Procès historique

Ce procès historique s'était ouvert en octobre 2021, 34 ans après la mort de Thomas Sankara, icône panafricaine, assassiné lors d'un coup d'État qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré. Ses avocats avaient dès le début dénoncé "un procès politique" devant "une juridiction d'exception", estimant que la procédure "ne vaut rien".

Blaise Compaoré était soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat de son ancien compagnon d'armes et ami arrivé au pouvoir par un putsch en 1983, ce qu'il a toujours nié.

La plupart des 12 accusés présents, dont le général Diendéré, ont plaidé non coupable et les avocats de la famille Sankara ont regretté qu'aucun n'ait avoué ou ne se soit repenti. "Personne ! Nous demandons au tribunal de rendre justice aux familles. Nous ne voulons pas une vengeance, nous demandons simplement justice", a déclaré l'un d'eux, Prosper Farama.

Coup d'État

Le procès a été perturbé par le coup d'État du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré.

Il a été une première fois suspendu au lendemain du putsch, puis le 31 janvier, "jusqu'au rétablissement de la Constitution" mise en sommeil lors du coup d'État, puis rétablie par la junte au pouvoir, permettant sa reprise. Mais de nouvelles interruptions sont intervenues, dont une à la suite de la prestation de serment de Sandaogo Damiba devant le Conseil constitutionnel, le 16 février.

La défense a alors introduit une requête en soulignant qu'on demandait des condamnations pour "attentat à la sûreté de l'État", alors que le putsch du lieutenant-colonel Damiba, validé par le Conseil constitutionnel, constituait en lui-même un "attentat à la sûreté de l'État".

Ordre mondial

Cela "consacre la prise de pouvoir par la force comme un mode constitutionnel de dévolution du pouvoir", avaient soutenu les avocats de la défense. Un argument "non fondé" rejeté par le Conseil constitutionnel, permettant la reprise du procès.

Arrivé au pouvoir par un coup d'État en 1983, Thomas Sankara a été tué avec 12 de ses compagnons par un commando lors d'une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.

La mort de Thomas Sankara, qui voulait "décoloniser les mentalités" et bouleverser l'ordre mondial en prenant la défense des pauvres et des opprimés, a été un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, contraint de partir après une insurrection populaire en 2014.

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