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France : les harkis commémorent les 60 ans des accords d'Evian

Deux Harkis lors de la Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie   -  
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RAYMOND ROIG/AFP or licensors

France

Quelque 300 harkis et leurs descendants se sont rassemblés samedi devant le mémorial du camp de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, pour demander à la France de rétablir leur honneur.

Soixante ans plus tard, aigreur, larmes et colère: au camp de Rivesaltes, devant les baraquements de fortune où ils vécu la faim, le froid et l'humiliation, des harkis et leurs enfants ont réclamé samedi le rétablissement de leur "honneur".

Au même moment à Paris, le président Emmanuel Macron commémorait le 60e anniversaire des accords d'Evian et le cessez-le-feu en Algérie, plaidant pour un "apaisement" des mémoires sur les deux rives de la Méditerranée.

"Nous sommes ici pour dénoncer la date de notre massacre. Le 19 mars 1962 n'est pas la fin de la guerre. Le 19 mars est la date à laquelle la France a désarmé mon père et l'a livré à l'ennemi", a lancé Hocine Louanchi, le président de la Confédération des Français musulmans rapatriés d'Algérie et leurs Amis, à l'origine du rassemblement.

Jusqu'à 200 000 harkis ont été recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), mais au lendemain des accords d'Evian, le gouvernement français a rejeté leur rapatriement massif.

"Pour tourner la page sans la déchirer, nous demandons aux politiques une loi de réparation à la hauteur de nos souffrances", a martelé le septuagénaire qui a vécu neuf mois dans le camp de Rivesaltes. Il faisait référence à la loi dite du "pardon", votée en février au Parlement, qui ouvre la voie à une indemnisation.

"Des miettes"

"Des miettes !", enrage M. Louanchi, encore profondément traumatisé par le sort réservé à son père, "arrêté et torturé" en Algérie après "son abandon par la France".

Seuls 42 000 harkis ont été évacués en France par l'armée. D'autres y parviennent clandestinement et au total environ 90 000 personnes arrivent en France entre 1962 et 1965, notamment dans des camps, où des enfants perdront la vie faute de soins. Le texte de loi, qui reconnaît "les conditions indignes de l'accueil" en France, prévoit une "réparation" financière du préjudice subi par ceux passés par ces camps. Le nombre de bénéficiaire potentiels est estimé par le gouvernement à 50 000.

C'est "inique", "indécent", considère Jeanette Driss, 58 ans.

"Cette loi équivaut à inscrire dans le marbre une discrimination à l'égard d'une même communauté de destin", dit la femme aux yeux noirs, estimant que le texte exclut une grande partie des descendants de harkis, qui n'ont pas forcément vécu dans les camps, mais "qui ont autant souffert". Un peu plus loin, une femme de 70 ans montre à une amie le baraquement en béton où elle a vécu, aujourd'hui rongé par la végétation. "Souviens-toi, on dormait sur des palettes. On avait tellement froid !", se souvient Abessia Dargaïd. Ses frères jumeaux, nés dans le camp, y sont morts.

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