Mali
L'armée française a tué fin février dans le nord du Mali un haut cadre algérien du groupe djihadiste d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dont il était le "coordinateur financier et logistique", a annoncé lundi l'état-major, qui mène en parallèle le retrait des forces françaises du pays.
"Dans la nuit du 25 au 26 février, la force (anti-djihadiste française) Barkhane a conduit une opération visant un haut cadre historique d'AQMI à environ 100 km au nord de Tombouctou, au Mali. Cette opération a conduit à la neutralisation du djihadiste algérien Yahia Djouadi, alias Abou Ammar al Jazairi", selon un communiqué.
Après avoir été localisé et identifié dans une zone connue pour être un refuge des groupes appartenant à AQMI et au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à la nébuleuse Al-Qaïda, "il a été neutralisé par une intervention au sol, appuyée par un hélicoptère de reconnaissance et d'attaque Tigre et deux drones français", détaille l'état-major.
"Sa neutralisation est un nouveau succès tactique significatif pour la force Barkhane qui reste déterminée à poursuivre le combat contre les groupes armés terroristes, avec ses alliés sahéliens, européens et nord-américains", malgré le retrait en cours des 2 400 militaires français stationnés au Mali sur un total de 4 600 hommes au Sahel, commente l'état-major.
Cette élimination d'un "acteur historique de l'expansion d'Al-Qaïda et du terrorisme djihadiste en Afrique de l'Ouest" permet en outre d'"affaiblir une nouvelle fois la gouvernance qaïdiste et prive le GSIM dirigé par Iyad ag Ghali d'un relais majeur au nord du Mali et dans la zone de Tombouctou en particulier", soulignent les armées françaises.
Engagé dans un maquis du Groupe islamique armé (GIA) algérien en 1994 puis dans le Groupe islamiste pour la prédication et le combat (GSPC), Yahia Djouadi a été conseiller militaire de l’émir historique d'AQMI, Abdelmalek Droukdal, neutralisé en juin 2020 par les armées françaises, selon l'état-major.
Nommé émir de la région Sud d'AQMI en 2007, puis d'AQMI en Libye en 2015, il gagne le Mali en 2019, et "s'installe dans la zone de Tombouctou, où il appuie la structuration et coordonne l’approvisionnement de matériels au profit du haut commandement du GSIM et d’AQMI. Il assure également un rôle de coordinateur financier et logistique pour le groupe", d'après le communiqué.
Cette annonce intervient alors que la France et ses partenaires européens viennent d'annoncer leur retrait militaire du Mali, en invoquant les "multiples obstructions" de la junte malienne ayant pris le pouvoir à la faveur de deux coups d'État en 2020 puis 2021. Au cours des derniers mois sont arrivés au Mali de nombreux renforts présentés par les autorités maliennes comme des instructeurs russes et par les Occidentaux comme des mercenaires.
Militairement présente depuis 2013 au Mali, la France s'est donné six mois pour retirer ses forces du pays, tout en poursuivant la traque ciblée des principaux responsables djihadistes. Le désengagement de ses militaires, des matériels déployés, dont des centaines de véhicules blindés, et le démantèlement des bases représentent un défi logistique titanesque dans un contexte sécuritaire dégradé.
Le retrait engagé "se passe bien", a assuré lundi le porte-parole de l'état-major français, le colonel Pascal Ianni, en soulignant que "150 containers sont sortis du théâtre malien la semaine dernière". Paris et ses partenaires ont toutefois assuré vouloir "rester engagés dans la région" sahélienne et "étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d'Afrique de l'Ouest", où les franchises locales d'Al-Qaïda et du groupe État islamique (EI) menacent de se disséminer.
Malgré des victoires tactiques remportées au Mali, le terrain n'a jamais été véritablement repris par l'État. Et les violences parties du nord en 2012 se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, faisant des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés.
Vendredi, une attaque djihadiste contre un camp de l'armée malienne dans le centre du pays a fait 27 morts selon un bilan officiel, au moins le double selon plusieurs sources militaires françaises.
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