Zimbabwe : réouverture des écoles sur fond de grève des enseignants

Dans cette école primaire d’Harare, c’est la rentrée scolaire après plusieurs mois de fermeture due au Covid-19. Cette réouverture des écoles est une bonne nouvelle pour les élèves. Pas vraiment pour les enseignants qui ont entamé une grève pour demander la hausse de leurs salaires. Un mouvement soutenu par les parents d’élèves.

"Le gouvernement devrait respecter les enseignants, afin que nos enfants puissent aussi apprendre à l'école. Nous sortons tout juste du confinement et maintenant les écoles sont ouvertes, mais aucun apprentissage n'a lieu. Quel avenir construisons-nous pour nos enfants ?", demande Edmund Chise, un parent d'élève.

"Les autorités négligent les griefs des enseignants, qui continuent de travailler. À la fin de la journée, ils s'attendent à être payés. Malheureusement, ce salaire n'arrive pas. La monnaie nationale n’a presque plus de valeur. Ce sont des parents, ils ont aussi des enfants à charge", explique Christopher Munamba, un parent d'élève.

Les enseignants zimbabwéens gagnent en moyenne l’équivalent de 100 dollars par mois. Ils demandent une hausse de leur salaire d’environ 500 dollars mensuels. Car en 2018, les enseignants percevaient environ 540 dollars par mois. Mais à cause de l’inflation, ce montant a été revu à la baisse au fil des ans.

"Les enseignants vivent dans la misère. Ils ne peuvent même pas se permettre de payer les frais de scolarité dans les écoles où ils enseignent habituellement. Nous savons qu'il y a un génocide universitaire en cours, nous perdons toute une génération, une génération qui est maintenant engagée dans des mariages d'enfants parce qu'elle ne peut pas aller à l'école, une génération qui se drogue parce qu'elle ne peut pas aller à l'école. En fin de compte, maintenant que les écoles n'ont pas rouvert leurs portes, notre appel au gouvernement est de résoudre immédiatement la question des salaires des enseignants", explique Obert Masaraure, qui dirige un syndicat d'enseignants.

En réponse à ce mouvement, le gouvernement a annoncé qu’il allait suspendre sans solde pendant 3 mois tous les enseignants en grève. Il a aussi proposé une augmentation de salaire de 20 %, ainsi que des subventions pour l'achat de voitures et de maisons. Une offre rejetée par les syndicats enseignants.