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Cameroun : l'hommage manqué à Marc-Vivien Foé, ce "héros national"

Cameroun : l'hommage manqué à Marc-Vivien Foé, ce "héros national"
La statue de la star camerounaise du football Marc-Vivien Foé devant son académie de football abandonnée à Yaoundé, au Cameroun, le 2 février 2022   -  
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Sunday Alamba/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved

Cameroun

**La tragédie de la mort de Marc-Vivien Foé frappe beaucoup plus fort sur sa tombe. Elle donne sur un terrain de football, mais pas celui que le défunt joueur du Cameroun et de Manchester City souhaitait. **

Les poteaux de but font partie d'un cadre métallique de mauvaise qualité, non peint et penché d'un côté. Le terrain est en terre battue et couvert d'ordures. Il y a un bâtiment en ruine à proximité, avec des fenêtres et des parties de murs manquantes. L'ensemble du site était autrefois un refuge pour les criminels et les toxicomanes. C'était censé être le rêve de Marc-Vivien Foé.

Lorsque le Camerounais s'est effondré alors qu'il jouait pour son pays lors de la Coupe des confédérations en 2003, il construisait un complexe sportif et une école dans la banlieue Est de sa ville natale de Yaoundé. Ce devait être son héritage, son cadeau à son peuple et une ressource précieuse pour les jeunes footballeurs en herbe dans une partie du monde où ils reçoivent peu d'aide. Marc-Vivien Foé n'a jamais pu le terminer et il est devenu sa dernière demeure.

Honneurs militaires

Lors de ses funérailles avec les honneurs militaires, où il a été salué comme un "héros national", des représentants du gouvernement camerounais ont promis que le projet serait achevé en sa mémoire. Près de 20 ans plus tard, il est en ruines. La seule partie du complexe qui n'est pas détruite est le bloc de marbre qui marque sa tombe.

Le neveu de Marc-Vivien Foé, Nama Mvogo, dit qu'il s'y rend chaque semaine pour nettoyer la tombe. À chaque fois, il est frappé par l'état d'abandon dans lequel elle se trouve. "J'ai l'impression que mon oncle a été abandonné. Même pour venir voir sa tombe, (il n'y a) rien. C'est déplorable."

Le mois dernier a été douloureux pour Nama Mvogo, qui a vu son pays accueillir la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) pour la première fois en 50 ans. Un tournoi que Marc-Vivien Foé a remporté à deux reprises avec le Cameroun. Il pensait que ce serait l'occasion idéale de relancer le projet de son oncle, ou du moins de lui rendre hommage. Mais rien de tel. Pire : regarder les Lions Indomptables à la CAN ne lui a inspiré que de la tristesse.

Marc-Vivien Foé a joué pour le Cameroun pendant une décennie et est devenu un joueur populaire en Angleterre avec West Ham et Manchester City. Il est décédé à l'âge de 28 ans des suites d'un problème cardiaque non diagnostiqué, qui a été découvert quelques jours après qu'il se soit effondré dans le rond central du stade de Gerland à Lyon, en France, lors de la demi-finale de la Coupe des confédérations contre la Colombie

Le monde du football s'était uni dans la douleur. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient massées dans les rues de Yaoundé pour son cortège funèbre. Sepp Blatter, alors président de la FIFA, et Paul Biya, président du Cameroun, ont assisté à la cérémonie, mais la véritable valeur de Marc-Vivien Foé ne fut révélée que lorsqu'un garçon de 14 ans s'est levé pour raconter comment la star du football avait payé pour qu'il fréquente un centre spécial pour handicapés.

Depuis lors, le projet d'académie est tombé en ruine. Selon Nama Mvogo, son avenir est compliqué et le père et la veuve de Marc-Vivien Foé, qui vivent en France, ainsi que le gouvernement n'ont pas réussi à travailler ensemble pour le relancer. Mais il n'est pas complètement abandonné. Deux petites écoles de football utilisent le terrain, réussissant tant bien que mal à s'entraîner et à jouer des matchs dans la terre près de la tombe. Le terrain qui avait été délimité à l'origine est envahi de palmiers depuis longtemps. 

Le gardien de but David Neabo, qui joue dans une équipe de moins de 9 ans, se tient sous ces poteaux de but tordus, serrant un ballon. Son entraîneur, Ewodo Yves Laurent, dit qu'il invoque toujours la mémoire de Marc-Vivien Foé pour inspirer les enfants, qui n'étaient même pas nés lorsqu'il est décédé et qui ne peuvent pas vraiment comprendre son succès vu l'état de délabrement de l'académie.

"Je leur parle de Marc-Vivien Foé, qui m'a également motivé à venir ici", déclare l'entraîneur. "Quand je regarde ce qu'il a fait, ce qu'il est devenu dans la vie, je me demande pourquoi ne pas entretenir son rêve ?".

La seule image de Marc-Vivien Foé au complexe est sa statue aux couleurs l'équipe du Cameroun, le bras droit levé en signe de célébration. Mais ses proportions ne sont pas tout à fait justes : le personnage semble rabougri et ne ressemble pas au puissant milieu de terrain de 1,80 m qu'il était. Des années de négligence l'ont érodée et le maillot vert du Cameroun est délavé et décoloré.

Nama Mvogo ne sait pas si le rêve de son oncle se réalisera un jour, mais un événement récent lui a donné de l'espoir pour l'avenir. Il a croisé Eric Djemba-Djemba, l'ancien milieu de terrain de Manchester United et coéquipier de Marc-Vivien Foé au Cameroun, en train de se recueillir sur sa tombe. "Il a dit qu'il ne pouvait pas se permettre d'être au Cameroun et de ne pas s'arrêter ici".

La mémoire de Marc-Vivien Foé, au moins, est encore vivante pour certains.

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