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CAN 2021 : Kamou Malo, policier et entraîneur "local" du Burkina Faso

CAN 2021 : Kamou Malo, policier et entraîneur "local" du Burkina Faso
Le sélectionneur du Burkina Faso, Kamou Malo à une conférence de presse à l'Omnisports Ahmadou Ahidjo à Yaoundé, le 1er février 2022, à la veille du match contre le Sénégal   -  
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CHARLY TRIBALLEAU/AFP or licensors

Cameroun

Kamou Malo a renoncé au concours de commissaire de police au Burkina Faso pour un diplôme d'entraîneur. Il a bien fait, le voilà en demi-finale de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), mercredi contre le Sénégal, avec le prestige de l'entraîneur local.

"C'était un choix cornélien. Je devais passer le concours de commissaire, les dates se chevauchaient", raconte Kamou Malo, 59 ans. "J'étais officier de police à Koudougou, là-bas j'entraînais aussi l'Association Sportive des Employés et Commerçants en 1re division, puis j'ai eu l'opportunité d'aller faire un stage en Allemagne pour passer une licence d'entraîneur", développe le coach qui a guidé les "Étalons" vers le dernier carré de la CAN 2021.Il a suivi sa vraie vocation, le football, le banc.

Né à Fing en 1962, non loin de Bobo-Dioulasso, il découvre le football "à 6, 7 ans dans les rues de Ouagadougou, on faisait notre apprentissage dans la rue, avant d'être coopté dans les équipes de quartier", poursuit-il. Kamou Malocommence à jouer sérieusement au Soleil d'Afrique, club du quartier Gounghin, puis "tape dans l'œil de l'USO", l'équipe de l'armée.

Goût d'entrainer

"Mais le foot, ne nourrissant pas son homme, j'ai passé le concours de gardien de la paix", explique Kamou Malo, et "après l'école de police, je suis enrôlé par l'Étoile Filante, la plus grande équipe du Burkina". Il a toujours eu le goût d'entraîner. "Dès que j'ai pu taper dans le ballon, je me suis retrouvé à encadrer les jeunes de mon quartier", se souvient-il, "j'encadrais l'équipe de l'AS Police..."

"Je pense que je suis un leader né, j'avais les dispositions pour être un entraîneur", assure Kamou Malo. "Sa première qualité est son leadership", confirme le colonel Sita Sangaré, ancien président de la Fédération. "Quand j'ai fait appel à Kamou Malo en juillet 2019, on venait de se séparer de Paulo Duarte consécutivement à notre non-qualification pour la CAN-2019, un traumatisme", poursuit le dirigeant.

"Ce n'était pas de gaîté de cœur, Paulo Duarte a fait du très bon travail, et il a un lien affectif très fort avec mon pays", poursuit le colonel Sangaré. Le Portugais a dirigé les Étalons de 2007 à 2012 et de 2017 à 2019. Mais "il fallait un électrochoc", poursuit le colonel Sangaré. "Nous avons fait le pari d'un entraîneur local pour que l'électrochoc soit complet. C'était un pari risqué, mais Kamou Malo avec son tempérament batailleur et son caractère fort trempé avait aussi des résultats".

Moments difficiles

Kamou Malo a été deux fois champion du Burkina Faso avec le Rail Club Kadiogo (2016, 2017). Il fallait également "régénérer" l'équipe, poursuit le dirigeant, se félicitant de son choix : _"Les faits nous donnent raison._Je devais renouveler le groupe, mais ce n'était pas le seul objectif, on me demandait également la qualification à la CAN", reprend Kamou Malo, qui tient "à dédier cette" demi-finale "à notre peuple, qui vous savez, traverse des moments difficiles" avec un coup d'État.

Sur son statut d'entraîneur burkinabé du Burkina Faso, il encourage les dirigeants africains à recruter local. _"On devrait nous faire davantage confiance et nous permettre d'avoir les mêmes formations que les étrangers. C'est un cri du cœur". _Kamou Malo "préfère le transfert de compétences plutôt que les gens viennent exercer chez nous. Nous avons tous appris d'eux (les expatriés, NDLR), mais ce n'est qu'à ce prix que nous aurons l'expérience et l'expertise. Tant qu'on n'est pas à l'ouvrage on ne peut pas savoir si on est compétents ou pas".

Coach local

"C'était un pari, mais les résultats sont là et l'équipe est rajeunie", savoure le coach."Et puis, il ne faut pas se le cacher, on ne coûte pas très cher", ajoute-t-il dans un sourire. Mais Kamou Malo ne se voit pas encore en héros. "Je ne dois pas me satisfaire de cette demi-finale, même si je suis heureux, je ne peux pas le cacher".

Désormais, lance-t-il, "le plus dur est derrière, il n'y a que le meilleur qui puisse arriver" : que le Burkina Faso remporte sa première CAN avec un coach local.

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