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L'écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija détenu illégalement ?

Capture vidéo d'AFPTV prise le 21 janvier 2022 à Kampala, en Ouganda, de Kakwenza Rukirabashaija   -  
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TINA SMOLE/AFP or licensors

Ouganda

L'écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija, accusé d'avoir insulté la famille du président Museveni, a été emmené mardi par des "hommes en civil" qui le détiennent illégalement, bien qu'un tribunal a ordonné sa libération sous caution, a affirmé son avocat.

Il a été exfiltré de la prison de haute sécurité de Kitalya, où il était détenu, et "enlevé" vers une destination inconnue, a ajouté l'avocat, Eron Kiiza.

Un tribunal de la capitale Kampala avait ordonné mardi matin la libération contre une caution de 500 000 shillings ougandais (125 euros) de l'écrivain de 33 ans, arrêté le 28 décembre.

Mais au lieu d'être relâché, il a été "enlevé" de sa prison, située à une cinquantaine de kilomètres de Kampala, par "des hommes en civil", selon M. Kiiza.

"Environ quatre heures après l'audience (de ce matin), des hommes armés en civil sont venus à la prison et ont emmené Kakwenza, nous pensons au quartier général du SFC (les forces spéciales ougandaises, ndlr) à Entebbe", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Il nous faut retourner devant le tribunal", a-t-il ajouté.

- Tweets offensants -

Kakwenza Rukirabashaija - qui, selon ses avocats, a été torturé en détention - semblait fragile lorsqu'il a comparu par vidéoconférence à l'audience de mardi matin.

Un gardien de prison a déclaré au juge Douglas Singiza que Rukirabashaija "se plaignait de douleur" et demandait à rester assis.

Dans sa décision, le juge a prévenu l'écrivain que sa caution "s'effondrerait automatiquement" s'il parlait à la presse avant la fin de l'affaire et qu'il serait renvoyé en prison.

Il a également demandé aux procureurs de boucler leurs investigations d'ici vendredi et d'être prêts à exposer leurs arguments lors de la prochaine audience, prévue le 1er février.

Des diplomates américains et européens assistaient à l'audience.

A l'extérieur du tribunal, Eron Kiiza a estimé devant les journalistes que les procureurs ne seraient pas prêts à temps. "Je doute qu'il (Rukirabashaija) fasse l'objet d'un procès complet", a-t-il déclaré.

Kakwenza Rukirabashaija a été inculpé le 11 janvier de "communication offensante" envers le président au pouvoir depuis 1986 Yoweri Museveni et son fils, Muhoozi Kainerugaba, dans une série de publications sur Twitter.

Il y qualifiait ce général, que beaucoup voient comme le successeur de son père âgé de 77 ans, d'"obèse" et de "rouspéteur".

En marge d'une précédente audience vendredi, son avocat avait affirmé qu'il avait été torturé après son arrestation.

Il a estimé que les cicatrices constatées sur son client lors d'un examen médical à la prison, et figurant dans un rapport publié jeudi dernier, constituaient des "marques évidentes de torture".

Pourfendeur affiché du pouvoir ougandais, Kakwenza Rukirabashaija a publié en 2020 le roman satirique "The Greedy Barbarian" (non traduit en français), décrivant un pays imaginaire gangréné par la corruption, salué par la critique.

Il a été récompensé en 2021 du Prix PEN Pinter, attribué chaque année à un auteur persécuté pour avoir exprimé ses convictions.

"État de droit"

Les Etats-Unis, l'Union européenne et des organisations de la société civile avaient déjà appelé à sa libération.

Mardi, l'ambassadrice des Etats-Unis en Ouganda s'est dite "profondément préoccupée" des informations selon lesquelles l'écrivain est détenu par les forces spéciales.

"Dans les sociétés démocratiques, l'état de droit et l'indépendance de la justice doivent être respectés, en particulier par les agences de sécurité", a écrit sur Twitter l'ambassadrice, Natalie Brown, appelant à nouveau à sa libération.

"Nous continuons également de suivre étroitement les actions d'individus visant à miner l'état de droit et la démocratie en Ouganda", a-t-elle ajouté.

Ces dernières années ont été marquées en Ouganda par des actes de répression contre des journalistes, des incarcérations d'avocats ou encore par le musellement de leaders de l'opposition.

En décembre, les Etats-Unis ont décidé de sanctions contre le chef du renseignement militaire, Abel Kandiho, en raison de violations des droits de l'homme. Mardi, ce dernier a été remplacé par le président Museveni et nommé envoyé au Soudan du Sud.

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