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Bantunani, entre panafricanisme, groove et "Perspectives"

Bantunani   -  
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Interview

Il s’appelle Michel Nzau Vuanda. Il est auteur-compositeur-interprète, producteur et réalisateur franco-congolais, et vient tout juste de sortir son dernier album "Perspectives", un opus dans lequel il mélange le groove, le funk et la rumba congolaise à la musique gnaoua du Maroc. Bantunani, de son nom de scène, est aussi un artiste engagé. Il était l'invité d'Africanews.

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Africanews : Michel Nzau, votre dernier album "Perspectives", vous l’avez écrit pendant le premier confinement, puis enregistré entre Paris, Kinshasa, Casablanca, Londres et Sète. Pourquoi tant d’endroits différents ?

Bantunani : "J'ai voulu avant tout montrer à mon public et mes fans à quel point j'étais un être nomade, un afropolitain. Un homme qui a besoin d'être dans la mobilité, dans la rencontre avec des musiciens. Dans chaque ville, j'ai un musicien, un restaurant, un bar, un lieu... "Perspectives", comme son nom l'indique, c'était donc pouvoir voir au-delà, et pour cela, il fallait toutes ces villes".

Il s’agit de votre 12e album studio : "Perspectives - Le messager afropolitain", est le titre dans son intégralité. Si l’on remplace afropolitain par panafricain ?

Bantunani : "Ça marche très bien. Pour qu'il y ait afropolitain il faut qu'il y ait panafricanisme. Il faut réinventer l'Afrique et l'inscrire dans une dynamique et un monde globalisé et pour ce faire, il faut que l'Afrique soit sans frontières ; que le peuple africain, "Rising Song", se lève et découvre ses voisins. Quand je dis bantou, c'est un commencement de panafricanisme, c'est-à-dire, que tout le royaume bantou doit être fédéré. Il n'y aurait alors plus cette frontière absurde entre le Congo-Brazzaville et le Congo-Kinshasa ou avec le Rwanda. Donc, il faut que le panafricanisme, comme l'a écrit Cheikh Anta Diop, soit réel et vivant".

- Garder l'identité bantoue -

Pourquoi la culture et l'éducation sont-elles des causes si importantes pour vous ?

Bantunani : "Il n'y a l'éducation que s'il y a la culture et seulement si l’État investit massivement dans la jeunesse. L'Afrique, c'est la jeunesse. Je ne conçois pas la musique sans émettre un message, sans toucher l'âme de mon public".

Sur le terrain, quelles sont les actions concrètes que vous menez en faveur de l'éducation ou de la culture, à Kinshasa ou ailleurs en Afrique ?

Bantunani : "Concrètement, c'est par exemple aller soutenir une école à Yolo, un quartier défavorisé de Kinshasa. Montrer que dans un endroit comme celui-ci, il y a des professeurs qui sont impliqués et qui vont inclure l'éducation des trois langues, le tshiluba, le lingala et le français, tout en gardant l'identité bantoue".

Quel rapport entretenez-vous avec votre pays d'origine ?

Bantunani : "J'entretiens un amour, une passion avec le Congo. J'ai eu, en deux ans, le temps de parcourir le Congo en long et en large. C'était un retour à "Bantunani", c'est-à-dire, "qui sont les Bantous" et à la fois", qui est l'humanité". C'était un retour aux sources intéressant car j'ai compris nos défauts et nos qualités. Le Congo est un pays magnifique qui a tous les atouts nécessaires pour réussir l'avenir".

Dans votre album "Perpectives", une chanson en particulier, intitulée "Another Place", renvoie votre enfance et à votre maman. Êtes-vous nostalgique de ce temps-là ?

Bantunani : "Dans cette chanson-là, j'avais du mal à penser les mots. Je me suis souvenu de mon enfance. Même pauvre, j'avais toujours cette joie-là de croire que demain serait meilleur, car ma maman était là".

- Le groove est le groove -

Vous êtes passé aussi par la musique gnaoua du Maroc. Il s'agit d'une musique sacrée et spirituelle. Quelle est la connexion avec la musique africaine et plus spécifiquement avec la musique du Congo ?

Bantunani : "La musique gnaoua me renvoie à la musique sacrée et spirituelle du Congo. Avant tout, la musique gnaoua, qui viendrait du Ghana, est une musique noire. Quand j'ai rencontré le maâlem Abdenbi de Meknès, tout s'est fait naturellement. Le soir, nous dansions et je lui ai dit : "Mais, ce groove, c'est mon groove... Alors ce groove, à qui est-il ?". Donc, qu'on soit à Kinshasa, à Casablanca, à Fez, ou ailleurs, le groove est le groove. Pour moi, le groove c'est susciter la matière organique de la terre pour qu'elle rentre chez l'homme. C'est le côté vaudou et spirituel. Et le maâlem Abdenbi ressentait la même-chose. Sur la chanson "Rising Song", nous le ressentions, mais je me suis dit que nous devions peut-être l’adoucir un peu. J'ai donc repris les paroles du film le "Destin" réalisé par Youssef Chahine.

Bantunani : "J'aimerais défendre ce projet "Perspectives" avec les musiciens marocains et de Kinshasa et montrer au monde la tolérance que représente le fait de retrouver, sur scène, des musiciens de tous horizons qui chantent ensemble l'amour et le groove".

Kinshasa, Casablanca, Stockholm, entre autres, la tournée "Perspectives" doit débuter au seconde semestre 2021.

PERSPECTIVES “Le messager afropolitain”- 12e album studio

Date de sortie : 10 novembre 2020

Label : Blackninja Publishing

Écrit, composé et produit par Michel Nzau

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