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Soudan : "La situation est préoccupante", selon Jok Madut Jok [Analyse]

Un jeune Soudanais drapé dans le drapeau national se tient près de pneus en feu lors d'une manifestation à Khartoum pour dénoncer un coup d'État militaire, 26 octobre 2021.   -  
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Soudan

Pour en savoir plus sur la situation au Soudan, Africanews reçoit Jok Madut Jok, professeur d'anthropologie a l'Université de Syracuse à New York aux Etats-Unis.

Les manifestants sont toujours dans les rues, mardi, on rapportait le décès de sept personnes, comment les militaires peuvent garder le controle de la situation ?

"La situation au Soudan est terrible et affecte beaucoup de personnes, en premier lieu les millions de Soudanais qui se sont battus contre la dictature il y a deux ans.

La communauté internationale et principalement les pays voisins sont eux aussi très préoccupé par la situation tout comme le reste du monde qui avait salué le succès de la révolution de 2019 et qui avait essayé d'aider les Soudanais à se relever de trente ans de dictature et de destruction du pays par le régime précédent.

Mais avec ce que nous voyons à Khartoum aujourd'hui, que ce soit les violences et les destructions ou l'abandon des leaders politiques, des parlementaires, on peut penser que cette situation va encore empirer et diviser encore plus le Soudan. C'est une grande source d'inquiétude pour tous ceux qui s'intéressent au sort du peuple soudanais."

Le coup a été largement condamné par la communauté internationale et les Etats-Unis ont déjà suspendu leurs aides. La situation est sérieuse pour le Soudan.

Personne ne reproche à l'Etat américain de suspendre 700 millions de dollars d'aide. Ils réagissent au coup d'État et à la dissolution du Conseil de souveraineté. On a eu tort de penser que le FNI avait été vaincu, mais on a réalisé qu'il exercerait davantage de pouvoir !

"C'est extrêmement préoccupant pour le Soudan en effet. Outre cette suspension des aides financières internationales, on peut s'attendre à l'avenir à un recul rapide de toute perspective d'investissement, mais aussi d'aides au développement ou d'aides humanitaires.

Cela affectera donc avant tout les Soudanais. Cela veut dire que les Soudanais continueront à se diviser. Il y aura des confrontations entre ceux qui supportent le coup et ceux qui y sont opposés. C'est déjà ce que nous voyons dans les rues de Khartoum. Ces divisions n'ont rien de bon pour l'unité et la stabilité du pays dans un avenir proche."

Le général al-Burhane a déclaré que les luttes de pouvoir politique l'avaient incité à intervenir, pour "éviter la guerre civile". L'armée affirme vouloir mettre en place un Conseil législatif. En quoi est-il différent du Conseil de souveraineté qui vient d'être démantelé ?

"Il n y a pas vraiment de différence. S'ils se contentent de revenir en arrière pour former un autre gouvernement et créer une nouvelle législation, cela ne va rien changer par rapport à ce que le gouvernement de coalition faisait ou par rapport à ce que les Soudanais espéraient en attendant les élections pour qu'ils puissent choisir leurs dirigeants. La vraie différence, c'est que tout cela a déçu les Soudanais et cela va les pousser à s'opposer encore plus et l'on peut encore craindre que cela dégénère en guerre civile.

Une majorité de Soudanais n'apprécient pas le retour et la prise de pouvoir des militaires, surtout quand il s'agit d'un Burhan qui reste lié de près à l'ancienne dictature, il a été nommé par Omar El-Bashir qui est aujourd'hui derrière les barreaux à cause du génocide et de ses atrocités. Ces hommes au pouvoir aujourd'hui ou qui essayent de s'emparer du pouvoir sont liés au NPC ou au front islamique et je ne vois pas les Soudanais rester sans rien faire en voyant leur pays kidnappé de la sorte."

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