Guinée
En Guinée, les années de conflit ont laissé des traces indélébiles.
Plus de trois semaines après le coup d’état militaire qui a renversé le président Alpha Condé, les anciens détenus incarcérés sous son mandat et libérés par les nouveaux dirigeants militaires, ont la rancune tenace.
Blessés par balle, arrêtés de façon arbitraire, battus et menacés en détention, ces ex-prisonniers politiques reviennent sur ces souvenirs douloureux.
Ibrahima Sory Sissoko, devenu commerçant à Conakry depuis sa sortie de prison raconte l'histoire de son arrestation :
" C'était un vendredi, juste après les élections présidentielles de 2020, quand j'ai quitté les prières à la mosquée. C'est alors que des hommes en uniforme de police nous ont attaqués, en nous tirant dessus. C'est à ce moment-là que j'ai reçu une balle dans la jambe. Un autre ami avec qui je marchais a reçu une balle dans la tête et il est mort sur le coup. J'ai eu la chance d'être secouru par des personnes de bonne volonté qui m'ont amené dans une clinique."
Abandonnés en détention sans aucune perspective d’avenir, ces anciens prisonniers politiques disent être satisfaits de la prise de pouvoir par la junte, car elle a mené à leur libération.
L'ancien détenu Djouldé Diallo a pu reprendre sa passion pour la photographie dans la capitale Conakry, après avoir attendu un jugement pendant des mois :
"Ils nous ont ensuite envoyés au tribunal militaire. Nous étions en instruction (préventive), mais après, nous attendions le jugement. Mais depuis l'instruction, nous n'avons jamais été jugés. Après dix mois, il y a eu le coup d'État du 5 septembre qui a conduit à notre libération."
Aujourd’hui, ces anciens détenus politiques sont déterminés à ce que justice soit faite, et ils comptent sur le chef de la junte, le lieutenant-colonel Doumbouya, pour en faire son cheval de bataille.
"S'il ne dévie pas de sa mission en tenant sa parole, le peuple de Guinée aura eu son sauveur. Nous prions Dieu qu'il puisse organiser des élections libres, transparentes et crédibles." a déclaré Sanoussi Barry, Entrepreneur à Conakry.
Lundi soir, la charte de la transition a été dévoilée. Entrée en vigueur le 28 septembre, elle sera en cours jusqu’à ce que de nouvelles élections soient organisées. Cette charte désigne le lieutenant-colonel Doumbouya, président de la transition, chef de l’État et chef des armées.
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