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Rwanda : Paul Rusesabagina reconnu coupable de "terrorisme"

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Muhizi Olivier/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved.

Rwanda

Au Rwanda, Paul Rusesabagina a été reconnu coupable de terrorisme par la Cour de Kigali. Célèbre opposant du président Paul Kagamé, l’ancien directeur de l’Hotel des Mille Collines avait été arrêté dans des conditions controversées en août 2020 et était jugé pour neuf chefs d’accusation.

Le prison à vie avait été requise contre Paul Rusesabagina, 67 ans, rendu célèbre par le film "Hotel Rwanda" sorti en 2004, qui a raconté comment ce Hutu modéré a sauvé plus de 1 000 personnes durant le génocide de 1994 qui a fait 800 000 morts, principalement des Tutsi. Après avoir été arrêté dans des conditions controversées à Kigali en août 2020, ce virulent opposant à Paul Kagamé a été jugé, avec 20 autres personnes, de février à juillet pour neuf chefs d'accusation, dont celui de "terrorisme".

Ce jugement intervient plus d'un an après sa disparition lors d'une visite à Dubaï, aux Émirats arabes unis, et son apparition quelques jours plus tard au Rwanda, menottes aux poignets, accusé de soutenir la branche armée de sa plateforme politique d'opposition, le Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD). Le groupe avait revendiqué une partie de la responsabilité d'attaques menées en 2018 et 2019 dans le sud du pays, dans lesquelles neuf Rwandais ont trouvé la mort.

"Paul Rusesabagina, qui est membre du MRCD, a aidé à fonder les Forces de libération nationale (FLN). La Cour estime qu'il doit être reconnu coupable d'avoir fait partie de ce groupe terroriste MRCD-FLN. La Cour estime également qu'il était dans ce groupe, très conscient qu'il commettait des actes terroristes. Il voulait que ces actes soient commis", a déclaré la juge Béatrice Mukamurenzi.

"Procès politique"

Ni l’accusé, ni ses avocats n’étaient présents à la lecture du verdict, alors qu’ils boycottent les audiences depuis le mois de mars, dénonçant un procès "politique" rendu possible par son "enlèvement" organisé par les autorités rwandaises, ainsi que des mauvais traitements en détention.

La famille et les soutiens de Paul Rusesabagina n'ont eu de cesse de dénoncer "un spectacle mis en place par le gouvernement rwandais pour faire taire un critique et refroidir toute dissidence future". Si la peine doit encore être détaillée par la Cour, il pourra également interjeter appel.

Les Etats-Unis, qui lui ont décerné la Médaille présidentielle de la liberté en 2005, le Parlement européen et la Belgique, dont il est ressortissant, avaient également exprimé leurs préoccupations sur les conditions de son arrestation et l'équité du procès.

Dans un interview début septembre, le président rwandais Paul Kagamé avait répondu aux critiques, assurant que Paul Rusesabagina serait "jugé aussi équitablement que possible". Ce procès "n'a rien à voir avec le film (ni) avec son statut de célébrité", avait-il affirmé. "Il s'agit des vies de Rwandais perdues à cause de ses actions et à cause des organisations auxquelles il appartenait où qu'il dirigeait".

Témoignages contradictoires

Paul Rusesabagina est depuis plus de 20 ans un virulent opposant à Paul Kagamé, qu'il accuse d'autoritarisme et d'alimenter un sentiment anti-Hutu. Il vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avant d'être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d'un avion qu'il pensait à destination du Burundi.

Le gouvernement rwandais a admis avoir "facilité le voyage" vers Kigali, mais affirmé que l'arrestation était "légale" et que "ses droits n'ont jamais été violés". Les cinq mois de procès ont vu des témoignages contradictoires sur son rôle. Un porte-parole du FLN a déclaré qu'il n'avait "pas donné d'ordres aux combattants du FLN". Un autre coaccusé a, lui, affirmé que tous les ordres venaient de lui.

Sa notoriété hollywoodienne avait suscité des critiques. Certains survivants des Mille Collines lui reprochent notamment de tirer profit de leur malheur et d'avoir embelli son rôle dans le sauvetage de plus de milliers. Il avait également utilisé sa célébrité pour donner un écho mondial à ses positions de plus en plus virulentes contre le régime de Paul Kagamé, ce qui lui vaut des attaques de partisans du régime.

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