Ethiopie
Le gouvernement éthiopien a affirmé jeudi que les rebelles tigréens ont été "mis en déroute" dans la région de l'Afar, où le conflit qui a débuté en novembre au Tigré s'est étendu ces derniers mois.
Les deux camps ont également continué de se rejeter la responsabilité d'un massacre de civils début septembre en Amhara, autre région gagnée par les combats entre l'armée fédérale et les forces loyales aux autorités tigréennes dissidentes issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
La porte-parole du Premier ministre éthiopien, Billene Seyoum, a affirmé jeudi que le TPLF n'était plus "actif" en Afar, affirmant que les rebelles avaient "subi de lourdes pertes" et été contraints de battre en retraite.
"Les affirmations du TPLF selon lesquelles il s'est retiré de la région Afar, et je le dis sans guillemets, sont fausses. Ils ont été mis en déroute", a déclaré Billene Seyoum, lors d'une conférence de presse.
Les responsables du TPLF n'ont pu être contactés pour réagir directement et les mouvements de troupes dans l'Afar n'ont pu être vérifiés, mais le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a contesté ces affirmations sur Twitter.
"Abiy et compagnie essaient de faire croire à leurs partisans qu'ils progressent sur les champs de bataille en Amhara et Afar: ce n'est pas le cas", a-t-il déclaré, ajoutant que "des milliers (de combattants) sont nettoyés par nos forces" quotidiennement.
Il a également démenti l'existence d'opérations dans l'Afar, évoquant les combats dans trois villes amhara.
"Il n'y a eu aucun combat en Afar, et les combats dans la région de l'Amhara se déroulent de telle manière qu'Abiy ne pourra s'en sortir avec un mensonge", a-t-il ajouté.
- Commission d'enquête -
Le nord de l'Ethiopie est le théâtre de violents combats depuis novembre, lorsque le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré pour destituer les autorités régionales issues du TPLF qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des camps militaires.
Le Prix nobel de la Paix 2019 a déclaré la victoire fin novembre, après la prise de la capitale régionale Mekele, mais le conflit s'est ensuite enlisé. Fin juin, les forces pro-TPLF ont repris le contrôle de l'essentiel du Tigré et poursuivi leur offensive en Amhara et en Afar afin de mettre fin à ce qu'elles décrivent comme un blocus humanitaire du Tigré et pour empêcher les forces pro-gouvernementales de se regrouper.
Cette propagation des combats, qui a fait des centaines de milliers de déplacés, s'est accompagnée d'accusations d'exécutions sommaires et de bombardements aveugles par les rebelles, démenties par le TPLF.
Des dirigeants de la région amhara et des habitants ont accusé mercredi les rebelles d'avoir massacré 125 personnes dans le village de Chenna.
Ce bilan n'a pas pu être vérifié de manière indépendante et l'AFP n'a pas été en mesure de confirmer si les personnes tuées étaient des civils ou des combattants.
Après avoir "rejeté catégoriquement les accusations selon lesquelles nos forces seraient impliquées dans le meurtre de civils", Getachew Reda a accusé jeudi Abiy Ahmed d'avoir envoyé "des prêtres, des femmes et des enfants" au front pour en faire de la chair à canon.
"Nos forces essaient d'éviter le massacre d'enfants et de femmes du mieux qu'elles peuvent", a-t-il déclaré.
Billene Seyoum a estimé jeudi que le nombre de morts à Chenna était "d'environ 200 civils innocents, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et des diacres".
Une commission a été formée pour enquêter sur ce massacre, a-t-elle également indiqué.
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