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Quel avenir pour les droits de l'homme en Guinée ?

Quel avenir pour le respect des droits de l'homme en Guinée   -  
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CELLOU BINANI / AFP

Guinée

En onze années passées au pouvoir en Guinée, le président Alpha Condé, était régulièrement pointé du doigt par les organisations de défense des droits de l'homme.

Amnesty International et les ONG guinéennes, déplorent depuis de nombreuses années la multiplication des violations des droits humains dans le pays.

Fabien Offner, chercheur à Amnesty, souligne les abus commis dans le contexte d’une modification controversée de la Constitution et des résultats contestés de l’élection présidentielle d'octobre 2020. Des dizaines de personnes ont été tuées par des membres des forces de défense et de sécurité lors de ces manifestations. Une triste réalité plus de dix ans après le massacre du 28 septembre 2009.

Les derniers mois de la présidence Condé n'ont fait que confirmer le bilan dressé par l'ONG fin 2020 : "Des membres de partis politiques d’opposition et des militants en faveur de la démocratie sont arrêtés et détenus arbitrairement. Le droit à la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique font l’objet de restrictions. Le droit à la santé des prisonnières et prisonniers sont mis à mal par une surpopulation chronique et des conditions de détention déplorables."

Africanews : Alpha Condé a été renversé dimanche dernier, quel bilan peut-on faire de sa présidence en terme de droits humains ?

Fabien Offner, chercheur sur la Guinée :

"Le bilan d'Alpha Condé peut difficilement être considéré autrement que comme désastreux. Surtout qu'il est arrivé au pouvoir en 2010, en étant porteur d'espoirs pour le pays, pour la région. N'oublions pas qu'il était un ancien opposant démocratique, qui avait lui-même été victime de Lansana Conté, qui avait souffert de ces régimes autoritaires, et qui s'était lui-même défini comme le "Nelson Mandela" de l'Afrique de l'Ouest. Et au fur à mesure des années, on s'est rendu compte que son régime s'est, malheureusement, de plus en plus rapproché de ceux de ses prédécesseurs."

Africanews : La Guinée est désormais gouvernée par des militaires. Êtes-vous méfiant quant à leurs intentions ?

Fabien Offner, chercheur sur la Guinée :

"Nous avons des craintes et comment ne pas en avoir quand on sait qui sont les derniers militaires qui sont arrivés au pouvoir en Guinée par la force, en l'occurence Moussa Dadis Camara. Et c'est encore l'occasion de rappeler qu'il n'y a toujours pas eu de justice pour le massacre du 28 septembre. C'est quelque chose pour laquelle Alpha Condé s'était pourtant engagé. En 10 ans, son pouvoir n'a pas été capable d'organiser un procès malgré des annonces répétées. C'est une déception extrême."

"Pour revenir aux militaires, en effet, il y a des craintes légitimes. On sait que la plupart des régimes en Guinée se sont soldés par des usages excessifs de la force. Même s'il faut rester extrêmement prudent, on ne peut que se réjouir du fait que les opposants politiques et plusieurs dizaines de détenus aient été libérés. C'est évidemment une bonne chose. On a également noté que ce qu'on appelle les points d'appui, les P.A., des dispositifs militaires déployés en plein Conakry depuis plusieurs années, ont apparemment été levés."

Il y a donc des signes positifs, mais on est dans cette euphorie, pour certains Guinéens, du départ d'Alpha Condé. En revanche, on va continuer à demander justice pour les victimes du 28 septembre et justice pour les crimes nombreux commis sous Alpha Condé qui ont toujours été glissée sous le tapis."

En septembre 2009, au stade de Conakry, les forces de défense et de sécurité avaient tué 157 manifestants pacifiques dans l'enceinte et violé au moins 100 femmes. Une répression sanglanted'une manifestation de l'opposition qui protestait contre une éventuelle candidature de Moussa Dadis Camara, à la présidentielle de 2010.

Douze ans après, les victimes sont toujours dans l’atteinte d’un procès alors que l’instruction est close depuis 2017,

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