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"Toute l'Afrique est vulnérable" [Interview Youba Sokona]

a sun baked pool that used to be a perennial water supply is seen in Mana Pools National Park, Zimbabwe   -  
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AP Photo/Tsvangirayi Mukwazhi

Changement climatique

À moins de trois mois de la conférence climat COP26 à Glasgow, le constat choc des experts climat de l'ONU (GIEC) publié lundi, sonne comme un branle-bas de combat : les humains sont "indiscutablement" responsables des dérèglements climatiques et n'ont d'autre choix que de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, s'ils veulent en limiter les dégâts.

Ce premier rapport d'évaluation depuis sept ans, adopté vendredi par 195 pays, passe en revue cinq scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, du plus optimiste - certains diraient utopiste - à l'hypothèse du pire.

Le continent africain émet moins de 5 % des gaz à effet de serre de la planète, mais il reste très fortement exposé aux effets néfastes du changement climatique.

"Toute l'Afrique d'une manière générale est vulnérable, compte tenu du niveau de développement. Tout le continent est fortement exposé aux extrêmes climatiques, à un niveau de vulnérabilité relativement élevé, ce qui vient amplifier les problèmes que connaît le continent, notamment de pauvreté, de limitation d'infrastructures, de conflits et d'urbanisation en développement. Et si, dans certains cas, de manière un peu anarchique, les extrêmes climatiques s'ajoutent à tout cela, cela vient amplifier les différents problèmes existants", estime Youba Sokona, vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Face à la perspective d'un avenir apocalyptique, les appels à agir se multiplient. Reste que tous les pays n'ont pas les mêmes possibilités, y compris en Afrique.

"Certains pays peuvent faire face et réagir beaucoup plus rapidement que d'autres. L'Afrique du Nord est beaucoup plus à même de faire face que l'Afrique subsaharienne. L'Afrique du Sud constitue également une particularité des autres parties de l'Afrique subsaharienne".

Faire face au changement climatique nécessite des actions collectives estiment les experts du GIEC. Pays industrialisé ou émergent, chacun a, à son niveau, un rôle à jouer.

"Dans les pays industrialisés, cela se traduit par la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans les pays africains, notamment d'Afrique subsaharienne, il s'agit beaucoup plus d'évitement de gaz à effet de serre et d'avoir un modèle de développement sobre en carbone et résilient sur le plan climatique. Dans la mesure où c'est dans les pays en développement que les infrastructures énergétiques sont en construction, tout comme l'urbanisation et le secteur agricole. On peut penser et développer tous ces secteurs totalement différemment de tout ce que l'on a connu jusqu'ici afin qu'ils soient résilients sur le plan climatique et sobre en carbone, sinon nuls en carbone".

Selon les experts du GIEC, le réchauffement de la planète pourrait atteindre le seuil de +1,5 °C autour de 2030, dix ans plus tôt qu'estimé, menaçant de nouveaux désastres "sans précédent" l'humanité, déjà frappée par des canicules et inondations en série.