Guinée équatoriale
La Guinée équatoriale a exigé la levée des sanctions "unilatérales et illégales" imposées pour des faits de corruption par le Royaume-Uni contre le fils du président de ce pays d'Afrique centrale, dans un communiqué rendu public samedi par les autorités équato-guinéennes.
Teodorin Obiang Mangue, vice-président de Guinée équatoriale et fils du président, a été sanctionné jeudi par Londres notamment pour le "détournement de fonds publics" et des pots-de-vin lui ayant permis de financer un train de vie somptueux.
Il aurait consacré plus de 500 millions de dollars à l'acquisition de résidences de luxe à travers le monde, d'un jet privé, de voitures et d'objets de collection liés au chanteur Michael Jackson.
"Les sanctions sans fondement imposées par le gouvernement britannique trouvent leur justification dans les manipulations, les mensonges (...) que promeuvent certaines organisations non gouvernementales contre la bonne image de la Guinée équatoriale", selon le communiqué des autorités, qui évoque des sanctions "unilatérales et illégales".
Le vice-président "n'a réalisé aucun investissement au Royaume-Uni", ont-elles poursuivi.
Ces sanctions, qui prévoient un gel des avoirs et des interdictions d'entrée au Royaume-Uni, ont été prises dans le cadre d'un régime de sanctions anticorruption qui avait déjà permis de punir en avril 22 individus de six pays différents, dont la Russie.
Les autorités équato-guinéennes rejettent "des sanctions juridiquement infondées", exigent "que celles-ci soient levées dans les plus brefs délais" et perçoivent "comme un geste inamical l'attitude du gouvernement britannique".
"Les mesures que nous avons prises aujourd'hui ciblent des individus qui se sont enrichis aux dépens de leurs citoyens", a déclaré jeudi le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, dans un communiqué. Le vice-président de Guinée équatoriale a été sanctionné notamment pour avoir "détourné de l'argent public sur son compte en banque personnel" et pour avoir "sollicité des pots-de-vin".
"La décision du Royaume-Uni de sanctionner Teodorin est une nouvelle bienvenue pour le peuple de Guinée équatoriale", a réagi dans un communiqué Tutu Alicante, directeur de l'ONG équato-guinéenne de défense des droits humains EG Justice, qui vit en exil. "C'est un pas dans la bonne direction, qui rappelle que la corruption n'est pas un crime sans victime", a-t-il poursuivi, estimant que la plupart des 1,4 million d'habitants vivent sans accès à "l'eau potable et à des écoles décentes".
La Guinée équatoriale est dirigée sans partage depuis plus de 41 ans par Teodoro Obiang Nguema, âgé de 79 ans, et Teodorin, omniprésent sur la scène publique depuis plus d'un an, est présenté de plus en plus ouvertement comme son "dauphin".
Ce pays à l'économie sérieusement en berne en raison de la chute des cours des hydrocarbures depuis 2014, dont elle dépend à 90%, a consacré 95 milliards de francs CFA à la Défense (140 millions d'euros) dans son budget 2020 contre 59 milliards à l'Éducation (90 millions d'euros).
En France, dans l'affaire dite des "biens mal acquis", Teodorin Obiang a été condamné en appel le 10 février 2020 à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d'euros d'amendes et des confiscations de ses biens en France. Un arrêt définitif de la Cour de cassation - la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français - est attendu le 28 juillet.
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