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Kenya : à Nairobi, boxer pour sa survie

Kenya : à Nairobi, boxer pour sa survie
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SIMON MAINA/AFP or licensors

Kenya

Dans la capitale kényane, une association apprenant aux jeunes filles comment se défendre pourrait bientôt voir la consécration ultime aux Jeux de Tokyo.

C'est peut être sur ce terrain de la capitale kényane que seront formées les prochaines championnes de la boxe kényane. Le claquement sec des gants de cuir attire l'attention de quelques passants qui glissent un œil à travers les fenêtres grillagées du centre communautaire de Kariobangi-Nord.

A l'intérieur, l'entraînement de boxe rassemble quasi exclusivement des filles et des femmes. Originaires de Kariobangi, Kayole ou Korogocho, les quartiers pauvre de l'Est de Nairobi, ces adolescentes et adultes s’entraînent dur dans le centre de l'association BoxGirls Kenya.

Depuis 2007, elles sont plus de 3 000 à être passées par cette association. Dans la salle obscure de Kariobangi-Nord, où un Astérix en gants de boxe orne les murs décrépis, toutes ont commencé pour la même raison: se défendre dans leur quartier, où règnent la pauvreté et la loi du plus fort.

"Un jour, je faisais un jogging et un homme sorti de nulle part m'a mis une claque. Alors j'ai voulu m'entraîner pour me venger", explique Sarah Achieng, devenue pro et aujourd'hui âgée de 34 ans.

"Une jeune femme qui grandit dans ces quartiers sans moyen de se défendre, c'est difficile. Beaucoup de gens (...) considèrent une fille comme un objet sexuel. Chaque fois qu'ils les voient, ils pensent à les agresser", souligne Emily Juma, 22 ans.

Si apprendre à se défendre est légitime, l'entraîneur Alfred Analo Anjere met régulièrement en garde ses protégées. "S'entraîner pour se venger, ce n'est pas bon", affirme ce rasta à la voix posée, en rappelant qu'un boxeur ou une boxeuse ne doit pas se battre hors du ring.

Surnommé "Priest" et lui-même originaire de Kariobangi, il a créé BoxGirls Kenya en 2007, connaissant les problèmes des femmes dans ces quartiers. "Violences physiques, mentales, sexuelles, viols", "d_écrochages scolaires à cause de la pauvreté, de grossesses, de mariages précoces_", "stéréotypes culturels et religieux", énumère-t-il.

Les violences post-électorales de 2007 - les pires depuis l'indépendance du pays en 1963 avec plus d'un millier de morts - l'ont convaincu de passer à l'action: "J'ai décidé d'utiliser la boxe, avec la vision d'un monde où chaque fille, chaque femme puisse avoir une vie digne, être valorisée en tant que partenaire égal, avec des chances égales", raconte-t-il.

Pour ce défenseur d'une vision "holistique" de la boxe, les femmes peuvent puiser dans ce sport les armes pour leur vie quotidienne en développant "la confiance et l'estime de soi", "la résilience", "l'importance de se fixer des objectifs et de s'efforcer à les atteindre".

Objectif Tokyo

Si pour beaucoup d'entre elles la boxe reste surtout un loisir, d'autres ont apprivoisé ce sport, autrefois réputé masculin. A 27 ans, Christine Ongare a même décroché son billet pour les Jeux de Tokyo.

"Ça a toujours été mon rêve de participer aux Jeux olympiques ; pour moi, j'ai atteint mon objectif, mais mon travail ne s'arrête pas là," explique Christine Ongare."Mon objectif aux Jeux olympiques est de monter sur le podium, car aucune femme représentant le Kenya et l'Afrique aux Jeux olympiques n'a encore remporté de médaille dans cette discipline."

Pour réaliser son rêve, Christine Ongare peut s'appuyer sur la sagesse des vétérans de la boxe kényane. Car certaines ont déjà connu l'aventure olympique. C'est le cas d'Elizabeth Andiego, qui avait décroché sa place pour les jeux de Londres, il y a de ça huit ans.

"_Je me souviens que lorsque je suis allée aux Jeux olympiques en 2012, je lui avais donné le drapeau. Elle l'a gardé depuis ce jour et elle a dit : "Un jour, j'irai aux Jeux olympiques et je rendrai notre pays fier et je rapporterai une médaille." Donc je sais qu'elle est capable, qu'elle travaille dur, qu'elle obtient ce qu'elle veut et qu'elle rendra le Kenya fie_r," affirme la boxeuse.

Rendez vous pris pour Christine Ongare, qui tentera de s'illustrer dans la catégorie des poids-mouches dans quelques jours, à Tokyo.

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