Côte d'Ivoire
Après le retour de Laurent Gbagbo et de plusieurs figures de l’opposition ivoirienne au pays, la réconciliation nationale semble bien entamée, excepté pour Guillaume Soro, exilé en Europe, et condamné à perpétuité le mois dernier pour tentative d'atteinte à la sûreté de l’État.
Mais pour l'analyste politique Sylvain N'Guessan, la réconciliation nationale ne pourra se faire qu'en incluant tous les protagonistes de la crise ivoirienne.
Il ne faudrait pas limiter cette affaire de réconciliation en Côte d'Ivoire, aux principaux acteurs de la scène politique ivoirienne que ce soit M. Laurent Gbagbo, Henri Konan Bedié, M. Alassane Ouattara, Guillaume Soro et j'en passe, non. Il y a ces acteurs mais il faut aussi et surtout impliquer les principales victimes de la crise ivoirienne.
"Quand on sait que le centre et l'Ouest de la Côte d'Ivoire ont été les centres de gravité de cette crise que nous avons connue de 2002 à 2011, il faudrait aussi bien intégrer M. Guillaume Soro que les principales victimes de cette crise là. Donc M. Guillaume Soro devrait y être impliqué au nom des responsabilités qu'il a eu assumer, il a lui-même revendiqué le leadership de la rébellion donc c'est normal qu'il soit impliqué dans ce processus de réconciliation."
Réconcilier les acteurs politiques ivoiriens certes, cependant la Côte d'Ivoire a besoin dit-il de réconcilier toutes les victimes des différentes périodes d'instabilité de 1990 à la crise post-électorale de 2010.
Quand on parle de réconciliation il faut remonter aussi loin que possible comme l'on fait l'Afrique du Sud, comme a tenté de le faire le Rwanda, de manière à impliquer le plus de victimes possibles, de les entendre, et dans la mesure du possible que l'état de Côte d'Ivoire puisse porter assistance c'est à dire réparations à ces principales victimes.
"À ce niveau là, on pourrait parler de réconciliation. Sinon s'il s'agit juste de faire asseoir ensemble Bédié, Gbagbo, Ouattara et le premier ministre Guillaume Soro pour qu'ils puissent échanger entre eux … ce compromis politique, oui la Côte d'Ivoire en a besoin mais ce n'est pas cela la réconciliation. Ce n'est pas parce que Messieurs Ouattara, Soro, Gbagbo et Bédié vont se parler que la veuve de (…) qui a pratiquement tout perdu pendant cette crise là, elle va oublier tout ce qu'elle a vécu."
"A mon avis le discours de nos hommes politiques, leur rencontre, leur cohabitation pacifique, c'est une bonne chose mais ce n'est pas l’élément fondamental. L'élément fondamental c'est qu'il faut toucher les principales victimes que sont les populations de ces localités là."
De plus en plus isolé sur la scène politique ivoirienne, Guillaume Soro dénonce une "captation de l’État" _par le pouvoir en place. Pour Sylvain N'Guessan, ce dernier devrait changer de stratégie.
"Peut-être que l'on pourrait demander à M. Guillaume Soro de demander pardon à M. Alassane Ouattara comme cela s'est fait dans plusieurs pays. La question immédiate qui s'en suit serait quelles seraient les implications de cette demande de pardon, on imagine un peu est-ce que Soro est prêt à en assumer les implications ?" a-t-il déclaré.
Il ajoute, "ça c'est une autre paire de manches ! Sinon je pense que pour le moment c'est le président de la République qui a toutes les cartes en main et qui devrait peut-être, en tant que premier citoyen ivoirien, en tant que Président de la république de Côte d'Ivoire essayer de donner une seconde chance à toute la classe politique ivoirienne, afin que nous puissions tous tirer les leçons de notre passé et tenter un projet d'avenir commun. Pour moi, c'est vraiment le président de la République qui a les cartes en mains présentement."
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