Sénégal
L'armée sénégalaise a indiqué lundi avoir pris une série de postes et camps de la rébellion en Casamance lors d'une opération lancée il y a deux semaines pour renforcer le contrôle de la frontière avec la Guinée-Bissau au sud.
L'opération a fait deux blessés dans les rangs de l'armée, un officier qui a sauté sur une mine antipersonnel et un soldat atteint par balles, a dit un commandant local, le lieutenant-colonel Mathieu Diogaye Sene, à des journalistes à Ahinga, à quelques kilomètres de la frontière.
Il n'a rien dit sur les pertes éventuelles chez l'adversaire.
Cette offensive est la dernière en date destinée à sécuriser la Casamance et permettre le retour des populations sur les terres dont elles ont été chassées par le conflit.
La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d'un des plus vieux conflits d'Afrique depuis que des indépendantistes ont pris le maquis après la répression d'une marche en décembre 1982.
Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l'économie, le conflit a persisté à basse intensité, avec des accès de tension comme le massacre de 14 hommes près de Ziguinchor en 2018.
Ces dernières années, le Sénégal a entrepris de réinstaller les déplacés.
"Depuis le 31 mai 2021, la zone militaire numéro cinq a déclenché une opération de sécurisation d'envergure pour mieux contrôler la frontière en créant des postes militaires au plus près" de la Guinée-Bissau, a dit le commandant de cette zone, le colonel Souleymane Kandé, à Ziguinchor, principale ville de Casamance.
L'armée a pris aux rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) plusieurs "bases" autour de Badème et le long de la frontière entre les localités de Bagame et Bouniak, a-t-il dit, sans entrer dans le détail des moyens engagés ou d'éventuelles confrontations avec les rebelles.
L'accès à d'autres sources que militaires est difficile dans ce contexte de conflit et dans une zone par ailleurs reculée.
Les autorités sénégalaises disent que ces opérations ont pour objet de réinstaller les populations, mais aussi de faire cesser les exactions commises contre elles par les rebelles, ainsi que les trafics auxquels ils se livrent selon elles, drogue ou bois.
La "neutralisation des bandes armées" doit aller de pair avec des opérations de déminage, a dit le colonel Kandé.
Le Sénégal passe pour avoir aujourd'hui le soutien de la Guinée-Bissau dans son entreprise. L'ancien pouvoir bissau-guinéen avait un rapport historique avec la rébellion. Mais en 2020 a accédé à la présidence à Bissau un allié du président sénégalais Macky Sall, Umaro Sissoco Embalo.
Les tractations de paix, rendues ardues par les divisions internes du MFDC, ont été relancées après l'arrivée au pouvoir en 2012 du président Sall. Mais elles n'ont pas abouti à un accord définitif.
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