Afrique
Montpellier accueillera en octobre, le 29e sommet Afrique-France. Alors même que cette messe souvent considérée comme une preuve de la mainmise de la France sur ses anciennes colonies ne fait toujours pas l’unanimité sur le continent puisque perçue comme un symbole de ce que d’aucuns appellent la ‘’Françafrique ".
L’historien camerounais, Achille Mbembe chargé d'en diriger les préparatifs pense la rencontre vaut son pesant d'or. "Je crois que le moment est bon -- pour lui (le président Emmanuel Macron, ndlr) comme pour la France, et pour l'Afrique -- de faire le point. Et il a cru, bon, de faire le point en reposant la question des fondamentaux de cette relation, et je crois que c'est un débat qui doit se faire hors du calcul électoral."
Fait inédit, des acteurs de la société civile africaine ont été cette fois préférés aux habitués de la rencontre, les chefs d’Etat. Engagement de l’armée française en Afrique, avenir du Franc CFA, tels sont notamment des sujets sur lesquels plancheront les participants à ce sommet. Achille Mbembé pense cependant que le changement ne se fera pas "du jour au lendemain"
"Il faut mobiliser des sociétés entières pour arriver à rétablir des... réparer des liens qui sont fortement endommagés.", souligne-t-il.
La France accusée de soutenir les ‘’ dictatures’’
Sénégal, Tchad, Mali, Centrafrique, et autres, la France semble ne plus avoir bonne presse auprès de la jeunesse africaine. Le pays est souvent accusé de collusion avec certains régimes jugés tyranniques en poste sur le continent. Aussi, Emmanuel Macron cherche-t-il à redorer l'image de son pays.
Le mois dernier, le président français a effectué une visite historique au Rwanda, au cours de laquelle il a reconnu la complicité de la France dans le génocide d'environ 800 000 Tutsis en 1994.
Après Kigali, il s’est rendu en Afrique du Sud, où il s'est engagé à investir dans la production du vaccin Covid-19 sur le continent, et a offert son aide pour combattre une insurrection au Mozambique.
Occasion pour Achille Mbembe de prendre la défense du chef de l’Etat français. Le camerounais a balayé les remarques concernant les doutes généralisés sur les véritables intentions de Macron sur le continent.
"L'histoire n'a pas été écrite sur le dos de la suspicion", a-t-il déclaré. "Il faut prendre des risques", a ajouté le désormais pro-Macron. Lui qui accusait pourtant le locataire du palais de l’Elysée de ‘’ "manquer d'imagination" dans son engagement politique envers l'Afrique**’**’. Mais ça c’était avant qu’il ne prenne le gouvernail de la préparation du Sommet France-Afrique.
Aujourd’hui, L'universitaire a établi des parallèles avec le premier président noir d'Afrique du Sud, Nelson Mandela, qui a accepté de dialoguer avec les dirigeants oppressifs de la minorité blanche pendant l'apartheid.
"Personne ne s'attendait à ce que cela fonctionne", a-t-il souligné. "C'est ainsi que l'histoire se fait".
Certains universitaires africains ont critiqué Mbembe pour avoir accepté "naïvement" l'offre de Macron.
A l’image de l'écrivain camerounais Gaston Kelman. Pour ce dernier Mbembe aurait été mieux placé pour conseiller son "propre peuple" sur la façon de gérer le postcolonialisme plutôt que le "maître du postcolonialisme" lui-même.
L'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a quant à lui qualifié sa participation au sommet de "mauvaise blague".
Mbembe ne s'est pas laissé déconcerter par ses critiques.
"Le président Macron m'a demandé de l'accompagner dans sa mission de renforcement des relations entre l'Afrique et la France", a-t-il déclaré. "Pourquoi dire non ?"
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