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Ceuta : les migrants immédiatement refoulés, Bruxelles durcit le ton

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ANTONIO SEMPERE/AFP or licensors

Espagne

Des migrants tentaient encore mercredi en vain d'atteindre l'enclave espagnole de Ceuta, à l'instar des milliers d'autres entrés illégalement depuis lundi en provenance du Maroc contre qui l'Union européenne a durci le ton en assurant qu'elle ne se laisserait pas "intimider" sur la question migratoire.

Depuis lundi, autour de 8.000 personnes, un chiffre sans précédent, ont rejoint Ceuta, profitant d'un relâchement des contrôles frontaliers côté marocain.

Parmi eux, 5.600 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon un chiffre actualisé en début d'après-midi par la préfecture de Ceuta qui n'a comptabilisé mercredi aucune "nouvelle entrée", assurant que les personnes tentant d'accéder à la plage étaient immédiatement reconduites au Maroc.

Cette vague migratoire inédite a pour toile de fond la crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l'arrivée le mois dernier en Espagne, pour y être soigné, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.

Se mettant à l'eau du côté marocain de la frontière, délimitée par une haute clôture sur une digue, des migrants, essentiellement des Marocains, continuaient depuis l'aube au compte-gouttes à rejoindre Ceuta à la nage.

Mais interceptés dès leur arrivée sur la rive par des soldats espagnols, dans une ambiance parfois tendue, ils étaient ramenés de force vers la frontière.

La plupart sont de jeunes hommes, entièrement habillés ou parfois en maillot de bain.

"Il y a très peu de travail au Maroc", a expliqué Othman, un barbier de 24 ans venu de Tetouan (nord). Alors qu'"il y a du travail pour nous en Espagne", assure-t-il, en attendant son expulsion vers le Maroc.

Le long de la rive, des dizaines de soldats anti-émeutes espagnols étaient déployés et tiraient parfois des gaz lacrymogènes tandis qu'un bateau de la Garde civile patrouillait.

"L'Espagne est actuellement défiée par un pays tiers, le Maroc", a déclaré mercredi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, fustigeant "le manque de contrôle des autorités marocaines".

Il ne s'agit "pas seulement d'un manque de respect envers l'Espagne, mais envers toute l'Union européenne", a poursuivi le dirigeant, qui a envoyé des renforts policiers et avait promis mardi de "rétablir l'ordre" dans l'enclave.

Côté marocain, la police a bloqué dans la nuit de mardi à mercredi des dizaines de jeunes candidats à l'émigration, qui ont riposté en jetant des pierres.

Portés par l'espoir d'une vie meilleure, alors que la pandémie a encore aggravé leur situation, de nombreux Marocains se disent prêts à tout pour rallier la petite enclave espagnole, désireux de pouvoir ensuite aller en Europe.

Quitte à réessayer s'ils ont déjà été refoulés, comme Oussama. "Etouffé par les bombes lacrymogènes", "affamé" après une nuit blanche inutile, ce jeune n'a "pas peur d'y retourner", a-t-il dit.

"Faire chanter l'UE" 

Avec l'autre enclave de Melilla, située à 400 kilomètres à l'est sur la côte marocaine, Ceuta est la seule frontière terrestre de l'UE avec l'Afrique.

Durcissant le ton, Bruxelles a assuré mercredi, par la voix du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, que "personne ne peut intimider ou faire chanter l'Union européenne (...) sur le thème migratoire", dans une allusion claire au Maroc.

"Ceuta, c'est l'Europe, cette frontière est une frontière européenne et ce qui se passe là-bas n'est pas le problème de Madrid, c’est le problème de tous" les Européens, a ajouté M. Schinas.

Le gouvernement espagnol avait convoqué mardi, pour lui signifier son "mécontentement", l'ambassadrice marocaine en Espagne qui a été rappelée par Rabat "pour consultation".

Rompant un long silence, par la voix du ministre des droits de l’Homme Mustapha Ramid, les autorités marocaines ont jugé mardi soir qu'il était "clair que l'Espagne a privilégié sa relation avec le Polisario et l’Algérie" qui soutient les indépendantistes sahraouis, "plutôt que sa relation avec le Maroc".

Mais mercredi, la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a assuré, que malgré cette crise, Madrid ne changerait pas sa position sur le Sahara occidental et continuerait à rester neutre et à respecter les résolutions des Nations unies.

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