Sénégal
Vu du ciel avec ces épaisses fumées, difficile de voir à quoi ressemble ce site ou des centaines de femmes sèchent et fument du poisson rapporté par les pêcheurs. Une activité qui fait vivre près de 50 % de la population de Bargny un village de pêcheurs situe à une trentaine de km de Dakar.
Comme sa grand-mère et sa mère, Ndeye Daour Diouf est une transformatrice de poisson de 64 ans. Son travail l’aide à subvenir aux besoins de sa famille. En effet, une bonne saison peut lui rapporter jusqu’à 500 000 FCFA soit près de 1000 dollars.
Mais récemment tout a changé avec la pandémie de coronavirus.
"Le COVID-19 a beaucoup affecté mon travail, car je ne travaillais pas et je devais rester chez moi. Parfois, mon mari allait à la mer pour pêcher du poisson, mais il n’y allait pas tout le temps, et des fois, il n'obtenait rien. C'est lui qui travaillait pour ramener à manger à la maison. Moi, je ne pouvais pas sortir, il n'y avait pas d'argent", explique-t-elle.
Récemment, le gouvernement sénégalais a décidé de faire de Bargny un futur bassin industriel avec une centrale électrique a charbon pour et un des plus grands ports d’Afrique de l’Ouest.
Cette future transformation inquiète la population comme l’explique Cheikhou Oumar Sy, directeur de l’OSIDEA, l’observatoire de Suivi des Indicateurs de Développement Economique en Afrique.
"Une femme qui travaille là-bas nourrit environ sept, huit personnes de sa famille et de ses proches. Je ne parle pas seulement de vos propres enfants, mais vous avez vos tantes, vous avez votre grand-père, vous avez toute une communauté que vous nourrissez. Donc, si vous enlevez cette économie, si vous enlevez cette partie du travail, et vous apportez des projets qui ont vraiment un impact négatif sur leur vie, cela aura un impact sur mille vies autour d'elles. Ce n'est pas une seule personne, mais beaucoup de gens qui perdront un revenu indirectement parce que cette femme ne travaille plus."
Bargny et ses habitants doivent faire face à d’autres problèmes de nature écologique cette fois-ci. La mer avance, elle dévore deux mètres de plage chaque année et menace chaque jour un peu plus ce village de pêcheurs.
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