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Gabon : le désespoir des footballeurs pour survivre

Chicco Sassou court sur un terrain de football à Libreville, le 4 mars 2021.   -  
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Gabon

Le football est le sport roi au Gabon, mais les joueurs sont loin d'être traités comme des princes. Même avant la pandémie, les salaires n'étaient pas payés, les contrats pas honorés et les examens médicaux négligés. Après un an de crise sanitaire, certaines vedettes locales dépendent de paquets de nourriture pour survivre.

Salaires non versés, contrats non respectés, championnats suspendus... Dans ce petit pays d'Afrique centrale riche en pétrole, le football est pourtant sur toutes les lèvres, avec une équipe nationale emmenée par la star d'Arsenal Pierre-Emerick Aubameyang et qualifiée pour la prochaine Coupe d'Afrique des Nations (CAN) en janvier-février 2022. Mais au pays, les joueurs professionnels, eux, peinent à joindre les deux bouts.

Depuis plusieurs années, le championnat professionnel gabonais est entrecoupé de longues interruptions faute de financements. Durant la saison 2018-2019, les organisateurs ont dû trouver une solution de dernière minute : un format de poules puis des play-offs sur deux ou trois mois. Mais l'arrivée de la Covid-19 en mars 2020 et l'arrêt de toutes les compétitions sportives a porté le coup de grâce. Les joueurs ne perçoivent plus aucun revenu.

"Les deux dernières années avant la Covid-19, la situation était déjà difficile. On jouait un championnat sur sept à huit mois, mais on ne recevait pratiquement qu’un à deux mois de salaire. On faisait le sport, on jouait le championnat parce qu'on aimait le foot, mais aujourd'hui c’est compliqué parce qu’on nous fait croire qu'avec la Covid-19 ont ne peux plus rien faire", déclare Chico Sassou. "Avant la Covid-19, la majorité des footballeurs était dans l'extrême précarité. Maintenant, c'est le chaos", résume Rémi Ebanega, président de l'Association des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG).

Crampons contre chaussures de sécurité

Selon une enquête de l'ANFPG en 2018, les joueurs étaient payés en moyenne deux mois sur 12, environ 100 000 FCFA (150 euros). "Depuis plus d'un an déjà, les joueurs sont sans activités parce que le gouvernement a arrêté déjà les activités et quand on se souvient qu'avant même la crise du Covid-19 la situation des footballeurs était déjà très compliquée, la majorité était dans une situation d'extrême précarité. Vous voyez qu’avec la crise qui s’est installée, le manque d’activité, parce qu'ils ne peuvent plus exercer leur métier, c’est vraiment le chaos en fait", ajoute Rémi Ebanega.

Ancien footballeur devenu peintre en bâtiment, Gamamba Souleimane a troqué ses crampons pour des chaussures de sécurité. Le visage constellé de gouttes de peinture blanche, il applique son rouleau sur un mur immaculé pour terminer le pan d'une petite maison d'un quartier populaire de Libreville, la capitale du Gabon. "Des gars à qui on manque de respect, qui n'arrivent pas à manger, qui n'arrivent pas à se vêtir ? Mais quel est ce sentiment que je peux avoir si ce n'est qu’un sentiment de regret ? J’ai peur pour leur avenir parce qu’ils n’ont que le football", confie-t-il.

L'ANFPG a demandé au gouvernement et à la fédération gabonaise de reprendre de la compétition, ou du moins un accompagnement financier pour les quelque 700 joueurs professionnels. "Notre souhait est de reprendre l'activité en respectant le protocole sanitaire, mais pas dans les conditions financières des années antérieures", a déclaré le président de la Fédération gabonaise de football (FEGAFOOT), Pierre Alain Mounguengui. Car les contrats ne sont pas respectés par les clubs. "D'abord il faut aller chercher les raisons dans la structuration même du club: absence de sponsoring à cause de l'étroitesse du marché, compétition peu attractive, pas de soutien des fans", affirme-t-il.

Aidée par la Fifpro, l'ANFPG a mis en place une boutique solidaire et offre à huit joueurs tous les mois des kits alimentaires - du riz, des conserves, de l'huile - d'une valeur d'environ 30 000 FCFA (45 euros). Les anciens joueurs sont pour leur part désespérés d’être ainsi mis sur la touche.

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