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Rapport Duclert : "Un pas positif, mais sans plus" pour les Rwandais

Cette photo d'archive prise le 22 mars 2019 montre les noms des victimes du génocide rwandais de 1994 au Mémorial du génocide de Ntarama, à Kigali.   -  
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JACQUES NKINZINGABO/AFP or licensors

Rwanda

Un pas dans la bonne direction, mais sans plus. Au Rwanda, c’est ainsi qu’est accueilli le rapport Duclert sur le rôle de la France lors du génocide. Ce document de 1 000 pages dénonce l’aveuglement coupable de l’ancien président François Mitterrand entre 1990 et 1994.

Le rapport, dirigé par l'historien Vincent Duclert, est sans concession pour les autorités françaises de l'époque. Si "rien ne vient démontrer" qu'elle s'est rendu complice du génocide, la France porte des "responsabilités lourdes et accablantes" dans la tragédie, notamment en étant "demeurée aveugle face à la préparation" du génocide.

Dans le musée du mémorial, à Kigali, une section est consacrée au rôle de la France dans le génocide. Cette histoire, Jean Dushimimana la connait. Pour cet informaticien de 29 ans, le rapport ne change pas grand-chose, lui qui a perdu ses parents dans les massacres. "Il n'y a rien que la France puisse faire pour se racheter de son rôle dans le génocide mais elle pourrait peut-être faire quelque chose pour les victimes et les survivants qui souffrent encore de ses effets. Elle pourrait les aider à améliorer leur vie."

Paul Habumugisha veut, lui, croire que cette reconnaissance de responsabilité permettra d'avancer. "Nous avions peur d'aller en France pour suivre toutes les activités. Parce qu'elle a ignoré son rôle dans le génocide. Mais maintenant, si les autorités l’acceptent cela signifie que la France veut être notre amie."

Sujet explosif

Si les relations entre les deux pays se sont quelque peu détendues avec l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron en 2017, le rôle de la France au Rwanda reste un sujet explosif depuis plus de 25 ans.

"Cela aurait été encore mieux si la France l’avait dit ouvertement, en donnant des détails sur l’Histoire telle qu'elle était. Cela dit, avec ce qui est sorti ces derniers jours, c'est un pas positif dans la bonne direction", déclare John Ruku-Rwabyoma. Ce député du FPR, le parti du président Paul Kagamé, attend beaucoup du rapport commandité par le gouvernement rwandais. "Le rapport est incomplet, car nous avons toute l'histoire, nous connaissons toute l'histoire. D'ailleurs, j'attends avec impatience le rapport du gouvernement rwandais qui a été commandé en 2017. Je suis sûr qu'il contiendra plus de faits qui n'ont pas vraiment été explorés dans le rapport français."

Les autorités rwandaises n’ont pour l’instant fait qu’un court commentaire, le ministère des Affaires étrangères saluant un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France. Le président Paul Kagamé, ancien chef des rebelles tutsi qui combattait alors le régime hutu soutenu par le président socialiste François Mitterand, ne s'est pas exprimé publiquement.

Le président de l'Union africaine, Moussa Faki, a, lui, salué sur Twitter un rapport "très dense et documenté", qui "établit de très nombreuses responsabilités" et constitue un "acte courageux et digne d'appréciation". Il s'agit d'une "importante décision au service de la vérité sur l’événement le plus dramatique de l'histoire africaine contemporaine", a-t-il réagi.

Le Mémorial du génocide, à Kigali, se prépare quant à lui aux commémorations qui devraient débuter le 7 avril.

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