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Libye : le Premier ministre a prêté serment

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MOHAMMED EL SHAIKHY/AFP or licensors

Libye

Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah,a prêté serment lundi. Il prend donc officiellement ses fonctions, un mois après sa désignation à Genève à l’issue du dialogue inter-libyen.

Le nouvel éxécutif a juré "de préserver l'unité, la sécurité et l'intégrité" de la Libye, au cours d'une cérémonie organisée au siège provisoire du Parlement à Tobrouk, à quelque 1 300 km à l'est de la capitale Tripoli. Plusieurs ambassadeurs ont assisté à la cérémonie, ainsi que le président du Parlement, Aguila Saleh, qui a appelé à une "réconciliation nationale" et à tourner la page du passé. "Le moment de nous serrer la main est venu", a-t-il encore dit à l'occasion de cette percée politique sans précédent depuis 2014.

Le nouveau gouvernement d'unité nationale avait obtenu mercredi un vote de confiance "historique" des députés, dans un Parlement jusque-là profondément divisé et qui s'était très rarement réuni ces dernières années. L'émissaire de l'ONU Jan Kubis a salué "une étape importante vers une Libye unifiée, démocratique et souveraine", appelant le gouvernement à "s'attaquer rapidement aux nombreux défis auxquels le peuple libyen est confronté".

Après des années d'impasse dans un pays divisé en deux camps -l'un à l'Est, l'autre à l'Ouest-, Abdelhamid Dbeibah, 61 ans, a été désigné Premier ministre par intérim le 5 février par 75 responsables libyens de tous bords réunis à Genève sous l'égide de l'ONU, en même temps qu'un Conseil présidentiel de trois membres. "Nous devons être le noyau de la réconciliation d'ici les élections prévues à la fin de l'année", a dit pour sa part le président de ce Conseil, Mohamed al-Manfi.

L'équipe d'Abdelhamid Dbeibah remplace aussi bien le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, installé en 2016 dans l'Ouest, que le cabinet parallèle d'Abdallah al-Theni, basé en Cyrénaïque, dans l'Est contrôlé de facto par les forces du maréchal Khalifa Haftar. MM. Al-Sarraj et Al-Theni n'étaient pas présents lundi à la cérémonie.

Le nouvel exécutif "représentatif de tous les Libyens" est chargé d'unifier les institutions et d'assurer la transition d'ici les élections du 24 décembre, date à laquelle sa mission devrait théoriquement prendre fin. Il est composé de deux vice-Premiers ministres, 26 ministres et six ministres d'Etat. Cinq ministères dont deux régaliens, les Affaires étrangères et la Justice, ont été attribués à des femmes, une première pour ce pays de quelque 7 millions d'habitants.

Premières annonces

Abdelhamid Dbeibah, un notable de la cité portuaire et marchande de Misrata (Ouest), sans ligne idéologique claire, était surtout connu pour avoir occupé des postes à responsabilité sous le régime Kadhafi. A l'époque, cette troisième ville de Libye a connu un boom industriel et économique dont ont profité de nombreuses familles de notables locaux comme celle de M. Dbeibah qui, lui, a fait fortune dans le secteur du bâtiment.

Réputé proche de la Turquie, il faisait figure d'outsider face à des caciques de la politique locale libyenne aux réunions de Genève, où des soupçons de corruption ont entaché le processus ayant permis sa désignation. 

Le nouveau dirigeant n'a pas attendu la cérémonie d'investiture pour prendre ses marques. Il a tenu samedi une réunion à la primature à Tripoli et a inauguré une conférence nationale sur la lutte anticoronavirus, promettant de remédier à une mauvaise gestion de la pandémie. Le jour même, il a ordonné aux sociétés d'investissement et autres institutions financières de geler toute opération jusqu'à nouvel ordre.

Attentes pressantes

Mais les défis restent colossaux après 42 ans de dictature et une décennie de violences ayant suivi l'intervention militaire internationale lancée en mars 2011 sous l'ombrelle de l'Otan et conclue en octobre de la même année avec la mort du "Guide" Mouammar Kadhafi.

Malgré la fin des combats entre les deux camps libyens à l'été 2020, suivie par la signature d'un accord de cessez-le-feu en octobre, la Libye reste minée par les luttes d'influence, le poids des milices et la présence de mercenaires étrangers, ainsi que par la corruption. Les infrastructures sont à plat, les services défaillants et les habitants très appauvris dans un pays qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique.

Le nouveau gouvernement est attendu au tournant face aux attentes pressantes d'une population dont le quotidien est rythmé par les coupures de courant, les pénuries de liquidités et l'inflation. Abdelhamid Dbeibah devra aussi s'assurer du départ des 20 000 mercenaires et combattants étrangers toujours stationnés en Libye. Le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé vendredi "le retrait sans plus tarder de toutes les forces étrangères et des mercenaires de Libye".

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