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Les vaccins contre la Covid-19 à l'épreuve des rumeurs

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Abdeljalil Bounhar/Abdeljalil Bounhar

Coronavirus

Changement de notre ADN, découverte précoce et autres théories de complots nourrissent de plus en plus la réticence des populations face au vaccin anti-Covid 19. Des rumeurs souvent diffusées sur les réseaux sociaux.

"Une théorie du complot très répandue, par exemple, soutient que les vaccins contre la Covid-19 sont conçus pour freiner la croissance démographique de l'Afrique. Il y a donc un niveau élevé de scepticisme", avance Ayoade Alakija, responsable de la campagne en faveur du vaccin en Afrique. "Les vaccins n'ont pas été testés pendant deux ou trois ans, mais seulement neuf mois ou un an au maximum, c'est ce qui intrigue les gens. C'est pourquoi la majorité de la population sénégalaise est un peu sceptique", ajoute Pape Ndiay, mécanicien sénégalais.

Son compatriote Cheick Tidiane Ndaye abonde dans le même sens. "Je ne vois pas l'intérêt de vacciner des personnes qui ne contractent pas la maladie trop rapidement. Il y a des gens qui ont plus besoin du vaccin que nous, ce sont eux qui doivent être vaccinés. Personnellement, je ne vais pas me faire vacciner. Je porte des masques, je prends mes précautions et tout, mais je ne crois pas trop à la maladie. Bien sûr qu'elle existe, elle est là, mais pour nous il n'y a pas de danger", souligne-t-il. Dans la ville de Kano, au nord du Nigeria, Zainab Abdullahi, 41 ans, affirme aussi son opposition au vaccin. "Nous recevons des rapports sur les effets secondaires graves des personnes qui se sont fait vacciner en Occident et ils veulent toujours nous apporter le vaccin", déclare-t-elle.

Scepticisme de dirigeants

Le scepticisme en Afrique ne concerne pas que le citoyen lambda, certains dirigeants ne cachant pas leurs réserves. Fin janvier, le président tanzanien John Mangufuli a présenté le vaccin contre le coronavirus comme étant "dangereux pour la santé". Son gouvernement écarte de facto l’idée d’une vaccination de la population. A Madagascar, le président Andriy Rajoelina ne cesse de vanter les mérites de son traitement miracle, le Covid Organics. Même son de cloche en République démocratique du Congo (RDC) où le président Félix Tshisekédi prend son temps pour trancher. S'il n’exclut pas d'avoir recours au vaccin, il ne cache pas non plus son intérêt pour une potion locale.

"C’est un passage obligé, le vaccin, mais nous privilégions aussi le traitement curatif. Je crois que nous avons deux produits qui le permettent par les premiers résultats qu’ils montrent. Ce sont des produits congolais. Nous allons en faire la promotion", déclarait Félix Tshisekedi lors d’un déplacement chez son voisin congolais, à Oyo, au nord de Brazzaville, le 11 janvier dernier. Parmi ces produits, le Manacovid fabriqué à base des plantes médicinales locales se vend déjà en pharmacie à Kinshasa, mais son efficacité scientifique reste à prouver.

Difficile de comprendre ce scepticisme, les populations africaines étant généralement favorables à la vaccination de leurs enfants. Pour le Dr Matshidiso Moeti, "il est d'une importance vitale de contrecarrer les messages négatifs et la désinformation qui circule à propos des vaccins." Et d’ajouter : "A l'OMS, avec d'autres partenaires comme l'Unicef, nous nous efforçons d'aider les pays à faire en sorte que les gens soient correctement informés sur le vaccin".

Si l’Afrique a été relativement épargnée par la première vague de coronavirus, le continent semble faire face à une deuxième vague beaucoup plus rude.