Soudan
Des centaines de Soudanais ont défilé mardi dans les rues de Khartoum pour exiger des informations sur les circonstances de la mort de Bahaa Eddine Nouri, militant pro-démocratie, enlevé le 16 décembre dans un café au sud de la capitale soudanaise par des hommes non identifiés.
Bahaa Eddine Nouri, 45 ans, membre du "comité de résistance" de son quartier, une association très active dans la dénonciation du régime de l'ex-président Omar el-Béchir, avait été enlevé par des hommes en civil à bord d'une voiture sans plaques, selon la presse locale. Son corps avait été retrouvé cinq jours plus tard à la morgue de l'hôpital d'Omdourman, grande ville qui fait face à Khartoum. Les premières explications fournies par les forces de soutien rapide sont loin de satisfaire les manifestants. Encore moins la famille du défunt.
"Les forces de soutien rapide expliquent comment le meurtre a eu lieu, mais nous ne voulons pas la moitié de la vérité, nous voulons toute la vérité. Nous voulons savoir pourquoi Bahaa Eddine a été puni pendant trois semaines", déclare Mohammed Nouri, le frère de la victime. "Nous ne sommes pas seuls, nous avons le soutien de tout le Soudan."
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide sont soupçonnés d'avoir commis ce meurtre qui a suscité un tollé général. Le bureau du procureur a affirmé lundi soir que l'autopsie du corps de Bahaa Eddin Nouri montrait qu'il avait souffert de plusieurs blessures ayant conduit à sa mort.Une procédure a été engagée pour "arrêter immédiatement et transférer devant le procureur tous les membres des Forces de soutien rapide impliqués dans l'arrestation puis dans la mort de Nouri afin qu'ils soient poursuivis" par la justice, a précisé le procureur.
Rassemblés mardi devant l'hôpital à Oumdourman, les manifestants scandaient mardi "châtiment" ou "pendaison des coupables" alors que sur une banderole était écrit "Cessez de verser le sang des gens". Les manifestants se sont rendus ensuite devant un bâtiment dans le nord de Khartoum, où Nouri aurait été arrêté et torturé par les Forces de soutien rapide.
L’actuel numéro deux du Conseil Souverain, par ailleurs patron des Forces de Soutien, est sorti de sa réserve sous la pression de l'opinion publique. Le général Mohamed Hamdan Dagloa décidé de lever l’immunité de ses éléments soupçonnés d’être impliqués dans cette affaire. L’Association des professionnels soudanais, moteur des manifestations ayant mené l'an dernier à la destitution de Omar el-Béchir, a qualifié de "pas en avant" la décision du procureur.
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