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Cacao : Victoire éclair de la Côte d'Ivoire et du Ghana contre Hershey

Cacao : Victoire éclair de la Côte d'Ivoire et du Ghana contre Hershey
Des cabosses de cacao dans un cacaoyer à la ferme de Tetteh Quarshie à Mampong, dans la région Est du Ghana.   -  
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CRISTINA ALDEHUELA/AFP or licensors

Côte d'Ivoire

Grâce à une campagne médiatique inédite, la Côte d'Ivoire et le Ghana, les deux poids lourds de la production mondiale de cacao, ont remporté une victoire éclair contre le chocolatier Hershey, mais sur le fond rien n'est réglé, selon des experts.

La bataille entre les deux pays et le géant américain portait sur la prime spéciale pour les planteurs. Cette prime, imposée par la Côte d'Ivoire et le Ghana en 2019, et baptisée différentiel de revenu décent (DRD), s'élève à 400 dollars par tonne de cacao (en sus du prix du marché). Elle est destinée à mieux rémunérer les planteurs, dont des millions vivent dans la misère en Afrique de l'Ouest.

La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao avec plus de 40% du marché, et son voisin le Ghana, numéro deux avec plus de 20%, avaient lancé lundi une offensive médiatique sans précédent contre Hershey et Mars, accusant publiquement les deux multinationales d'acheter du cacao ou de la pâte de cacao sans payer ce DRD.

Le Conseil Café Cacao (CCC) de Côte d'Ivoire et le Ghana Cocoa Board (Cocobod), les organes nationaux de gestion des filières cacao, avaient par conséquent décidé de suspendre les programmes de certification de Hershey.

Cacao durable

Ces programmes, dits aussi de "durabilité", visent à garantir que les multinationales achètent du "cacao durable" respectant des critères de production éthiques (n'entraînant pas de déforestation ou ne recourant pas au travail des enfants notamment). Ils sont un élément de communication et de marketing important en direction des consommateurs occidentaux.

Vendredi, le CCC a finalement annoncé la suspension de cette sanction, affirmant avoir obtenu satisfaction. "Cette levée de suspension fait suite à votre engagement définitif à payer le DRD", a écrit le directeur général du CCC Yves Koné dans un courrier au groupe Hershey.

Ce dernier, qui a démenti ne pas payer cette prime, a déclaré samedi "reconnaître l'importance et la valeur du DRD pour améliorer la vie des planteurs". Jeudi, le fabricant de tablettes de chocolat s'était déclaré "heureux d'avoir pu s'expliquer avec la Côte d'Ivoire et le Ghana pour clarifier" la situation.

Le groupe Mars Wrigley a lui aussi "catégoriquement démenti" vendredi ne pas payer le DRD et affirmé avoir été "la première société à publiquement soutenir" ce mécanisme. "Nous sommes déçus que d'autres dans l'industrie aient récemment choisi d'autres circuits d'achat".

Multinationales du chocolat

Tous les grands groupes chocolatiers, Mondelez (marques Milka, Côte d'Or, Toblerone...) Nestlé, Lindt&Sprüngli, Ferrero (Nutella), comme le géant du négoce et de la transformation Barry Callebaut ont affirmé soutenir le DRD.

Les accusations publiques contre les multinationales du chocolat, relayées jeudi par d'importantes organisations de planteurs de cacao ivoiriens qui avaient menacé de les "boycotter", pouvaient coûter cher en termes d'image et de ventes à ces groupes, déjà mis en cause depuis plusieurs années sur les questions d'éthique.

La Côte d'Ivoire et le Ghana "ont gagné une bataille, Hershey était coincé", juge un trader préférant garder l'anonymat. "Mais Hershey a quand même gagné beaucoup d'argent en achetant 30 à 40 000 tonnes de cacao sans payer le DRD, et après ils ont juste demandé pardon et la sanction a été levée. Le risque c'est que les autres multinationales fassent la même chose".

"Cette affaire montre que quand le Ghana et la Côte d'Ivoire sont ensemble, ils font les prix du cacao", estime un expert sous couvert d'anonymat. "Mais si on veut vraiment améliorer le sort des planteurs sur le long terme, il faut que tout le monde s'y retrouve, y compris les groupes chocolatiers, les transformateurs et tous les intermédiaires". Et d'ajouter : "Il faut que tout les acteurs de la filière cacao-chocolat s’assoient autour d'une table et voient comment on peut augmenter la valeur et la répartir plus équitablement".

Les planteurs sont les parents pauvres du marché mondial du cacao et du chocolat, dont ils ne touchent que 6% des 100 milliards de dollars de revenus annuels. La moitié des planteurs ivoiriens vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.

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