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En Libye, l'interminable recherche des proches disparus

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Cela fait un an que Mohamed al-Magri cherche, en vain.

Un an que des hommes ont pris son fils pour lui poser des questions alors que les combats faisaient rage dans la capitale libyenne Tripoli. Depuis, plus aucun signe de son fils Haitham.

Les yeux perdus dans le vide, Mohamed al-Magri dit vouloir retrouver le corps de son fils. "Il était passionné par les oiseaux et savait bien s'en occuper", se rappelle avec tristesse le sexagénaire. Dans l'arrière-cour de sa modeste maison de Sidi Essid, un hameau proche de Tarhouna, c'est lui qui veille aujourd'hui sur les perruches de son fils. Avec les photos du jeune homme l'air insouciant et le souvenir de cette journée, c'est tout ce qui lui reste de son fils.

"Quelqu'un a frappé à la porte, mon fils est allé ouvrir et a dit que des gens me demandaient. Je suis sorti et j'ai trouvé des hommes masqués et armés avec quatre véhicules garés devant notre maison" "Il m'a dit de partir, qu'ils allaient parler un peu à Haitham et ensuite le laisseraient partir. Je suis parti, mercredi, jeudi, puis vendredi sont arrivés (et je n'ai jamais eu de nouvelles de lui)" se rappelle Mohamed.

Pour Mohamed, si sa famille a été visée, c'est à cause de son soutien à la révolution du "17 février" qui mit fin au règne de Mouammar Kadhafi en 2011. Il est convaincu que celui qui est derrière la disparition forcée de son fils est un fervent partisan de Kadhafi, impliqué dans des meurtres et des enlèvements à Tarhouna.

"En visant mon fils, ils me font payer mon soutien à la révolution (...). C'en est assez de voir le sang de nos fils versé pour les guerres!", s'exclame-t-il. Le sexagénaire craint désormais que son fils soit enterré dans l'un des charniers récemment découverts à Tarhouna. "J_e l'ai cherché partout mais il n'y a aucune trace de lui (...) La plupart des versions affirment qu'il a été exécuté et jeté dans une des fosses communes. Son corps n'a pas été retrouvé. S'il est dans un charnier, j'espère qu'ils le retrouveront vite_", murmure-t-il.

Tarhouna, la ville des charniers

Tarhouna, petite ville agricole à 80 kilomètres au sud-est de la capitale libyenne, est sorti brusquement de son anonymat en juin dernier, après la découverte de charniers qui ont "horrifié" l'ONU.

Depuis le départ des forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen, qui tentaient, en vain depuis avril 2019, de conquérir Tripoli, la ville est depuis passée sous le contrôle des forces progouvernementales.

L'existence de plusieurs charniers à proximité de la ville avait été alors signalée en juin dernier. Depuis le retrait des pro-Haftar de Tarhouna, leur dernier bastion dans l'Ouest, 115 corps ont été exhumés de plusieurs charniers selon le directeur de l'Autorité générale pour la recherche et l'identification des disparus, Lotfi Tawfiq.

"Des corps n'ont pas encore été identifiés", affirme-t-il à l'AFP, alors que les recherches menées par les équipes techniques "sont toujours en cours". Mais Lofti Tawfiq ne se limite pas aux charniers dans la recherche des disparus.

"Nous avons emmené certaines des familles dans la ville de Benghazi pour vérifier s'il y avait des prisonniers y avaient été transférés. Mais il nous semble qu'il n'y a pas de prisonniers là-bas. Nous avons pris des échantillons ADN des parents et des corps pour les comparer et voir s'ils appartiennent ou non aux familles", explique le directeur de l'Autorité générale pour la recherche et l'identification des disparus.

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