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Cameroun : l'armée confirme la mort en détention d'un journaliste, accusé de "terrorisme"

Cameroun : l'armée confirme la mort en détention d'un journaliste, accusé de "terrorisme"

Cameroun

L’armée camerounaise a confirmé vendredi la mort en détention du journaliste Samuel Wazizi réfutant des actes de tortures et l’accusant d’avoir œuvré comme “logisticien de divers groupes terroristes” dans l’ouest anglophone, déchiré par un conflit séparatiste.

Alors que des syndicats camerounais de journalistes avaient affirmé depuis mardi que M. Wazizi était mort après avoir été victime de torture, l’armée répond dans un communiqué qu’il est “décédé des suites d’une sepsis (septicémie) sévère” le 17 août 2019 à l’hôpital militaire de Yaoundé, moins de deux semaines après son arrestation.

Face aux critiques qui se multiplient, le président Paul Biya “a dit qu’il allait diriger une enquête”, a affirmé l’ambassadeur de France au Cameroun, Paul Guilhou, à la télévision nationale CRTV, après une rencontre vendredi avec le président. Ni l’ambassadeur ni la présidence n’ont donné de détails sur cette enquête.

L’armée affirme dans son communiqué que la famille du journaliste avait été prévenue de son décès et ne s’est pas manifestée pour récupérer le corps.

“Nous sommes en contact étroit avec sa famille qui dit ne pas avoir été contactée: nous le représentions déjà au moment de son décès, nous étions les personnes à prévenir”, a déclaré à l’AFP Me Edward Ewule, avocat de M. Wazizi.

Me Ewule affirme avoir appris la confirmation du décès de son client, alors âgé de 35 ans, à la lecture du communiqué de l’armée à la radio nationale. “Je suis dévasté, je suis le dernier civil à l’avoir vu en vie il y a dix mois”, ajoute-t-il.

Selon l’armée, M. Wazizi “se disait animateur dans une chaîne de télévision locale”, Chillen Media Television, mais “était en réalité un logisticien de divers groupes terroristes” séparatistes anglophones.

Un “tissu de mensonge et une ultime provocation”, tranche Denis Nkwebo, président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) dans un tweet.

Depuis près de trois ans, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont ébranlées par de violents affrontements entre l’armée et des groupes séparatistes.

Les combats, mais aussi les exactions et meurtres commis contre des civils par les deux camps, ont fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.

“Diabolisation” de l’armée ?

Alors que des syndicats camerounais de journalistes, mais également l’ONG internationale Reporters sans frontières (RSF), ont dénoncé le décès de M. Wazizi, l’armée rétorque qu’il s’agit d’un “nouvel épisode de diabolisation” des forces armées camerounaises.

“Seule une commission d’enquête indépendante pourra faire la lumière sur cette affaire”, estime pour sa part Jude Viban, président de l’Association camerounaise des journalistes anglophones.

Evoquant des “zones d’ombres”, il se demande notamment “pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas informé la justice de la mort de notre confrère?”.

“Le journaliste était en parfaite santé au moment de son arrestation”, affirme RSF sur Twitter.

Son avocat demande également une enquête indépendante, sur le modèle de celle qui avait mené à l’arrestation de sept militaires après la diffusion en 2015 d’une vidéo montrant l’exécution sommaire de deux femmes et de leurs enfants dans le Nord du Cameroun.

Des cas de torture et de maltraitance des détenus sont régulièrement dénoncés par des organisations de défense des droits humains, qui s’inquiètent également du nombre élevé d’arrestations dans l’ouest anglophone.

Cette crise, ainsi que les attaques du groupe jihadiste Boko Haram dans l’Extrême-Nord, ont écorné l’image d’un Cameroun, pays dirigé depuis 37 ans par le président Paul Biya, longtemps perçu comme un havre de stabilité en Afrique centrale.

Jeudi, l’ONU et l’ONG Human Rights Watch ont dénoncé une intensification des violences contre les travailleurs humanitaires qui opèrent dans ces deux régions, et accusent notamment les groupes armés de multiplier les enlèvements contre les humanitaires. Les forces camerounaises sont également accusées d’y entraver l’acheminement de l’aide.

AFP

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