Mozambique : attaque islamiste contre une ville du nord

Les islamistes armés qui sèment la terreur depuis plus de deux ans dans l’extrême-nord du Mozambique ont attaqué puis occupé lundi une partie de la ville de Mocimboa da Praia avant de s’en retirer, a-t-on appris de sources militaires.

Ce mystérieux groupe avait fait son apparition dans la région en octobre 2017 en occupant pendant deux jours Mocimboa da Praia, situé à quelques dizaines de kilomètres de gigantesques champs de gaz sous-marins.

Il a depuis multiplié les attaques meurtrières contre les villageois et les forces de sécurité dans toute la province à majorité musulmane du Cabo Delgado.

Selon des ONG et les Nations unies, ces violences ont fait plus de 700 morts, civils et militaires, et causé le déplacement d’au moins 100.000 personnes.

“Les malfaiteurs sont entrés dans la ville de Mocimboa da Praia et échangé des coups de feu avec les forces de sécurité et de défense”, a déclaré lundi le commandant de la police mozambicaine, Bernardino Rafael, lors d’une conférence de presse dans la capitale Maputo.

Un porte-parole de la police, Orlando Mudumane, a précisé de son côté que l’attaque avait été lancée lundi avant l’aube et que les insurgés avaient “hissé leur drapeau” sur la ville.

Efforts vains

“Ils ont quasiment encerclé toute la ville et contrôlent actuellement la base aérienne, le port et le poste de police”, a précisé sous couvert de l’anonymat à l’AFP un officier de police sur place. “Ils ont placé des barricades sur la route pour empêché des renforts d’arriver”, a-t-il ajouté.

Selon des sources militaires mozambicaines interrogées par l’AFP, les insurgés sont cependant partis en fin de journée.

“Vers 18h00 (locales), les insurgés se sont retirés”, a déclaré l’une d’elles sous couvert de l’anonymat, précisant qu’ils avaient détruit de nombreux bâtiments dont le siège du représentant du gouvernement, la mairie, plusieurs banques, des installations militaires et des véhicules officiels.

L’opération de lundi démontre “que les capacités militaires de ce groupe et son audace augmentent”, a estimé l’analyste Alexandre Raymakers, du cabinet d’analyses Verisk Maplecroft.

“L’attaque (…) constitue également un grave revers pour le gouvernement mozambicain”, a-t-il ajouté.

Le gouvernement du président Filipe Nyusi a juré à de nombreuses reprises d‘éliminer les “criminels” et a envoyé dans la région d’importants renforts militaires, épaulés par des mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner.

Mais leurs efforts pour ramener l’ordre sont pour l’heure restés vains.

AFP