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RDC : les violences en Ituri, possibles "crimes contre l'humanité" voire un "génocide" (ONU) 

RDC : les violences en Ituri, possibles "crimes contre l'humanité" voire un "génocide" (ONU) 

République démocratique du Congo

Les violences en Ituri, l’un des nombreux conflits qui déstabilise la République démocratique du Congo, pourraient être qualifiées de “crimes contre l’humanité” voire de “génocide”, selon un rapport des Nations unies sur la reprise des hostilités depuis décembre 2017.

“Au moins 701 personnes ont été tuées”, selon cette enquête du bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) présentée vendredi à Genève.

Le conflit oppose deux communautés de l’Ituri, les Lendu, majoritairement agriculteurs, et les Hema, éleveurs et commerçants, dans cette province du nord-est frontalière de l’Ouganda par ailleurs connue pour son or et son pétrole.

“La grande majorité des victimes semble avoir été visée en raison de leur appartenance à la communauté Hema”, avec 402 tués entre décembre 2017 et septembre 2019.

“L’un des enjeux majeurs du conflit est en effet le contrôle des terres par les Lendu”, ajoute ce travail conjoint de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et du Haut commissariat des droits de l’homme.

“Ces attaques semblent avoir été planifiées et organisées dans le but d’infliger des pertes graves et un traumatisme à long terme aux membres de la communauté Hema”, ont détaillé les auteurs.

Le but? “Les empêcher de retourner dans leurs villages et de pouvoir ainsi prendre le contrôle de leurs terres”.

“Toutefois, les enquêtes menées à ce jour ne démontrent pas à suffisance l’intention de détruire les Hema en tant que groupe ethnique”, ont nuancé les experts onusiens.

Un Rwanda en “miniature”

Ils ont également documenté “des actes de représailles par des membres de la communauté Hema” lors de la première phase des violences entre décembre 2017 et mai 2018, avec “des incendies de villages et des attaques isolées” contre des Lendu.

Un précédent conflit entre 1999 et 2003 avait tué des dizaines de milliers de personnes jusqu‘à l’intervention d’une force européenne, Artémis, sous commandement français.

L‘écrivain belge David Van Reybrouck a pu comparer ce précédent conflit à une “version miniature” des violences au Rwanda qui ont abouti au génocide de 1994 (800.000 morts, très majoritairement parmi les communauté Tutsi).

“Les Hema, avec leurs vaches, se sentaient proches des Tutsi: une minorité ethnique, qui formait la couche supérieure de la société. Les Lendu étaient des cultivateurs qui se comparaient eux-mêmes aux Hutu: nombreux, mais en bas de l‘échelle”, écrit-il dans son ouvrage de référence “Congo, une histoire” (2012).

Les nouvelles violences ont provoqué des déplacements massifs (près de 57.000 réfugiés en Ouganda et plus de 556.356 déplacés internes depuis février 2018), selon le rapport. Il y a eu également “168 blessées et 142 victimes de violences sexuelles”.

“Les attaques continuent”, a déclaré mercredi à Genève un porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l’homme.

“Le 3 janvier dernier, trois civils ont été tués, dont deux femmes et deux enfants par des assaillants non-identifiés”, a poursuivi ce porte-parole, Rupert Colville.

“Degré d’organisation”

Le conflit a repris en trois temps, détaille le rapport, avec d’abord “des affrontements intercommunautaires” entre Hema et Lendu fin 2017-début 2018.

A partir de septembre 2018, des “assaillants lendu” visent l’armée congolaise qui riposte. Dernière phase à partir de juin 2019, “avec des attaques contre la communauté Hema” par des assaillants Lendu, et “des opérations menées par l’armée contre ces assaillants”.

“A partir de septembre 2018, les attaques menées par des assaillants Lendu dénotent un degré d’organisation important, qui s’est progressivement renforcé”, selon le rapport.

Comme les autorités congolaises, ses auteurs visent la responsabilité d’une milice pro-lendu connue sous le nom de Coopérative de développement économique du Congo (Codeco), sous la direction présumée d’un certain “Ngudjolo”.

Début juillet 2019, le nouveau président Félix Tshisekedi avait dénoncé “une tentative de génocide” et un “complot” en Ituri.

Il avait annoncé une opération militaire “de grande envergure” contre les assaillants, affirmant que “les forces de défense seront maintenues ici jusqu‘à leur éradication”.

Ces mêmes forces congolaises “ont aussi commis de nombreuses violations des droits de l’homme”, accuse le rapport qui cite “des exécutions extrajudiciaires, des mauvais traitements, des violences sexuelles et des arrestations et détentions illégales ainsi que des violations du droit à la propriété”.

Ce rapport demande aux autorités congolaise de “traiter les causes du conflit liées à la terre”, “renforcer la présence des institutions étatiques dans le territoire de Djugu” et de “renforcer” la présence de l’armée.

Il suggère à la force des Nations unies au Congo (Monusco) de “prolonger” sa “présence militaire temporaire” dans le territoire de Djugu”, l‘épicentre des violences.

AFP

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