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Guinée : le président annonce un projet de nouvelle Constitution, malgré la contestation

Guinée

Le président Alpha Condé a annoncé jeudi soir qu’il soumettrait aux Guinéens un projet de nouvelle Constitution, malgré la contestation massive que suscite un tel projet et qui a fait au moins 20 morts en deux mois.

A 81 ans, M. Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, a confirmé ce qu‘à peu près tout le monde attendait depuis des mois, même s’il n’a pas précisé la date de ce qui devrait être un référendum.

Reste à savoir s’il entend se servir de cette nouvelle Constitution pour briguer sa propre succession fin 2020 à l’expiration de son mandat actuel. Cela ne fait aucun doute pour ses adversaires, à en croire les réactions sur les réseaux sociaux sous le hashtag “amoulanfe” (“ça ne passera pas” dans la langue locale), cri de ralliement des protestataires.

L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels. M. Condé s’est une nouvelle fois gardé de dévoiler ses intentions lors de son allocution.

Le projet prêté à M. Condé de suivre l’exemple de maints leaders africains avant lui agite la Guinée depuis qu’il a lancé des consultations sur la Constitution en septembre et surtout depuis qu’un collectif de partis et de représentants de la société civile a appelé à faire barrage à une telle entreprise à partir du 14 octobre.

La Guinée, petit pays de 13 millions d’habitants, pauvre malgré d’importantes ressources minières, est depuis lors le théâtre de manifestations de masse qui ont été brutalement réprimées.

Au moins 20 civils ont été tués, ainsi qu’un gendarme. Des dizaines de personnes ont été arrêtées. Les défenseurs des droits humains ont dénoncé l’usage excessif de la force, des arrestations arbitraires et l’impunité des forces de sécurité.

Le gouvernement a semblé chercher l’apaisement dernièrement.

“Vulgarisation”

Mais à l’aube d’une année électorale chargée, avec des législatives prévues en février, une présidentielle fin 2020 et peut-être un référendum entre-temps, les tensions font redouter une escalade plus grave encore dans un pays à l’histoire tourmentée, coutumier des manifestations et des répressions brutales.

Les pressions de la communauté internationale ont semblé jusqu‘à présent ne pas avoir de prise.

M. Condé a déjà dénoncé la Constitution datant de 2010 comme un “concentré d’intérêts corporatistes”. Mais jeudi soir il a présenté son initiative comme résultant d’un “débat” en cours sur les “lacunes et incohérences” du texte. Il a fugitivement évoqué la contestation récente comme le fait de “certains acteurs sociopolitiques (qui) n’ont pas hésité à menacer la quiétude sociale de notre pays”.

Les consultations lancées en septembre ont débouché sur un “avant-projet” publié jeudi soir. Il “fera l’objet d’une large vulgarisation avant son adoption par le peuple souverain”, a dit M. Condé, laissant entendre qu’il comptait le soumettre à un référendum.

L’article 40 stipule que “le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois”.

La question est de savoir si cette disposition s’appliquerait à M. Condé, ou bien si les compteurs seraient remis à zéro avec l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Le mandat présidentiel est actuellement de cinq ans.

Opposant historique qui connut l’exil et la prison, M. Condé a été le premier président de la Guinée démocratiquement élu en 2010. Son avènement a marqué l’instauration d’un gouvernement civil après des décennies de régimes autoritaires et militaires.

Mais après une évolution encourageante, les défenseurs des droits rapportent une régression ces derniers mois. L’opposition dénonce une dérive “dictatoriale” de M. Condé.

AFP

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