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Une manifestation violemment réprimée en Guinée-Bissau à un mois de la présidentielle

Une manifestation violemment réprimée en Guinée-Bissau à un mois de la présidentielle

Guinée-Bissau

Les forces de l’ordre en Guinée-Bissau ont violemment empêché samedi la tenue d’une manifestation organisée par l’opposition pour réclamer un report de l‘élection présidentielle prévue le 24 novembre, faisant un mort et plusieurs blessés, dans une ambiance de plus en plus tendue à un mois de l‘échéance.

Malgré le bon déroulement des législatives du 10 mars, cette ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest tente encore de sortir de la crise qu’elle traverse depuis le limogeage, en août 2015 par le président José Mario Vaz, de son Premier ministre Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).

Douze candidatures ont été retenues par la Cour suprême pour le premier tour de la présidentielle, fixé au 24 novembre, dont celles de M. Vaz, exclu du PAIGC et qui se présentera en indépendant, et de M. Pereira, dont la formation dirige un gouvernement provisoire essentiellement chargé de préparer l‘élection.

Alors que la communauté internationale, Cédéao en tête, insiste sur le respect du calendrier, l’opposition exige comme préalable une révision complète du fichier électoral pour éviter les fraudes. Refusée par le PAIGC, cette mesure aurait pour conséquence de reporter le scrutin.

Les partis d’opposition et les candidats indépendants avaient appelé leurs partisans à manifester samedi dans la capitale, mais la police est massivement intervenue au moment où quelques milliers de personnes convergeaient depuis plusieurs quartiers populaires et tentaient de se regrouper en un cortège unique, a constaté un correspondant de l’AFP.

“Roué de coups”

Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques, confinant les responsables de l’opposition dans les sièges de leur parti, faisant plusieurs blessés, selon la même source.

En milieu de journée, le calme était revenu à Bissau, où la police continuait ses patrouilles dans une atmosphère chargée de gaz irritant.

Un homme de 48 ans, Demba Baldé, se trouvait avec d’autres militants dans une permanence du second parti d’opposition à l’Assemblée, le Parti pour la rénovation sociale (PRS), s’apprêtant à sortir manifester, lorsque la police est intervenue, a expliqué à l’AFP son frère, Alimo.

“Il y a eu des échauffourées et Demba a été arrêté par quatre agents de police qui l’ont roué de coups et aspergé de gaz. Il est tombé en sang et avait du mal à respirer. Nous avons essayé de le réanimer mais malheureusement, il a rendu l‘âme avant d’arriver à l’hôpital”, a-t-il poursuivi.

Une photo prise sur place et reçue par l’AFP montre un homme au sol, la tête baignant dans une flaque de sang. Un infirmier de la principale morgue de Bissau a confirmé avoir reçu le corps, qui “présentait des traces de coups”.

“En réponse à une marche pacifique, la police a réagi par la violence. Nous n’avons plus le choix, nous répondrons également par la violence”, a déclaré à l’AFP un militant du PRS.

Projet de coup d’Etat

Le directeur de campagne du président Vaz, Botché Candé, a déclaré à l’AFP avoir reçu un tir de gaz lacrymogène tiré “à bout portant” alors qu’il se trouvait à la tête d’un cortège.

“J’ai perdu conscience momentanément et j’ai eu la vie sauve grâce aux jeunes de mon mouvement qui m’ont déplacé jusqu‘à ma voiture. Maintenant je vais mieux”, a-t-il expliqué.

En début de semaine, le Premier ministre, Aristide Gomes, a dénoncé, en se fondant sur un enregistrement audio, un projet de coup d’Etat qu’organiserait un des candidats les plus en vue, l’ex-Premier ministre Umaro Sissoco Embalo, qui défend les couleurs du Mouvement pour l’alternance démocratique (Madem), premier parti d’opposition, formé par des frondeurs du PAIGC.

M. Sissoco a formellement démenti ces accusations, assurant qu’il s’agissait d’une “cabale” montée contre lui par le pouvoir sur la base d’un enregistrement manipulé.

Le pays bruisse par ailleurs de rumeurs sur l’implication de responsables politiques dans le trafic de drogue en provenance d’Amérique du Sud, après une saisie record de près de deux tonnes de cocaïne début septembre.

Indépendante depuis 1974, après une lutte de 11 ans, la Guinée-Bissau a connu depuis lors quatre putschs, seize tentatives de coup d’Etat et une valse des gouvernements.

AFP

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