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RDC : difficile lutte contre l'exploitation sexuelle des mineures à Goma

RDC : difficile lutte contre l'exploitation sexuelle des mineures à Goma

République démocratique du Congo

En dépit des efforts des pouvoirs publics et d’ONG, l’exploitation sexuelle des mineures semble encore bien loin du répit à Goma dans le Nord-Kivu à l’est de la RDC. Et pourrait même gagner en intensité faute de stratégies conséquentes.

Beuveries, auberges, salles de cinéma, ….. À Goma à l’est de la RDC, il y a toute une enfilade d’activités lucratives le long de chaque artère. Ce qui témoigne sans doute de la bonne marche de l‘économie en général et de l’informel en particulier.

Mais pour maximiser leurs revenus, les tenanciers de ces unités mènent une activité parallèle. C’est ce qu’on appelle ici « Maisons de tolérance ». Ce sont des lieux d’exploitation sexuelle des mineures.

D’après le Programme d’appui aux initiatives féminines (PAIF), il y en a plus de trente dans la capitale de la province du Nord-Kivu. Dans un rapport rendu public mardi l’ONG indique que ce chiffre est le résultat de recherches menées dans cinq quartiers de la ville entre mars et octobre de l’année en cours.

« Nous avons découvert qu’il y a beaucoup de maisons de tolérance, qui sont éparpillées dans la ville de Goma et ses environs », explique Immaculée Bireheka, coordinatrice du PAIF. « Une situation inquiétante », redoute-t-elle.

Loin de verser dans l’alarmisme, Mme Bireheka, comme ses collègues et collaborateurs, sait de quoi elle parle. Tant les quelque 1,2 millions d’habitants de Goma sont confrontés à de difficiles conditions de vie aggravées par de permanentes violences perpétrées depuis une vingtaine d’années par des groupes armés.

« Les conflits armés qui ont affecté l’est de la RDC ont accru davantage la vulnérabilité de plusieurs familles qui ont du mal à prendre en charge leurs enfants », explique Idelphonse Birhaheka du programme de protection des enfants au bureau de la zone-est du Fonds des Nations pour l’enfance (UNICEF) à Goma citée par l’agence Inter press service (IPS).

Beaucoup d’embûches

Ce qui se confirme sur le terrain. « Comme serveuse, je gagne 20 dollars seulement par mois, mais pour une seule nuit, un homme (client) peut me donner entre 1.000 et 4.500 francs congolais (entre un et cinq dollars US) », explique une fille de 15 ans.

Impuissants face à la dictature de la misère, les parents ne peuvent que tolérer que leurs enfants aillent « travailler » dans des maisons de tolérance. « Vous savez ? Quand un père n’a rien dans sa poche pour s’occuper de sa progéniture, il perd son autorité. D’ailleurs, en toute franchise, ce qu’elle ramène à la maison aide tout le monde. Contre mauvaise fortune bon cœur, l’essentiel, c’est qu’on puisse manger », déclare, visiblement triste, un père de famille du quartier Bujovu dans la commune de Karisimbi à l’est.

Pour les pouvoirs publics, des efforts sont souvent déployés pour en finir avec le phénomène, car, explique un officier de police, près de cinq maisons de tolérance avaient été fermées en 2012.

Mais la police comme d’autres institutions se heurtent à bien d’obstacles dans la traque des promoteurs de l’exploitation sexuelle. Parmi les obstacles, il y a en bonne place, le silence des familles. « Comment voulez-vous que je dénonce ma fille qui non seulement m’allège la tâche, mais aussi me dépanne (m’aide, NDLR) ? Comprenez alors pourquoi on ne va pas à la police », confesse une femme.

Et d’après les services de police moins de 2 % de cas sont dénoncés. Pas seulement à cause de la pauvreté, « mais également par peur de représailles », selon une femme.

Face à une telle situation, il y a de quoi redouter une intensification du phénomène. De politiques efficaces de lutte contre la pauvreté, s’imposent donc pour venir à bout de cette réalité à la base d’autres fléaux dont la propagation des infections sexuellement transmissibles.

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