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Cameroun : les recommandations du dialogue

Cameroun

Libération de détenus, statut spécial des régions anglophones du Cameroun: les mesures proposées lors du Grand dialogue national de Yaoundé s’achevant vendredi sont perçues par certains militants des régions anglophones comme un premier pas, mais les chefs séparatistes, qui l’ont boycotté, rejettent déjà ses conclusions.

Depuis lundi, plus de 1.000 participants se sont réunis au Palais des Congrès de la capitale camerounaise pour tenter de résoudre le conflit meurtrier qui ravage les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays depuis deux ans.

Jeudi soir, le Grand dialogue a recommandé l’adoption d’un “statut spécial” pour ces deux régions où vit la plus grande partie de la minorité anglophone du pays (16%) qui s’estime victime de “stigmatisation” et écrasée par un pouvoir fortement centralisé.

Le statut spécial leur octroierait, s’il était appliqué par le pouvoir central, une plus grande autonomie financière, la possibilité d‘élire leurs gouverneurs locaux autrefois nommé par l’exécutif, et le rétablissement d’une chambre des chefs traditionnels dans ces deux régions.

Un premier pas

Le Premier ministre Joseph Dion Ngut, qui a présidé ces discussions, estimait dès jeudi soir devant la presse que le Grand dialogue était “un succès (…) car il a trouvé des solutions intéressantes et permanentes aux problèmes que la plupart des Camerounais” soulevaient.

Plusieurs anglophones modérés, partisans d’un retour au fédéralisme et non en faveur de l’indépendance réclamée par les plus radicaux, ont effectivement salué la recommandation, tout en restant tempérés: “Ce statut spécial est juste un premier pas pour trouver une solution permanente à cette crise”, a déclaré à l’AFP le célèbre avocat des droits de l’homme anglophone Felix Agbor Nkongho.

Son application, qui nécessite un amendement constitutionnel, “pourrait avoir une forte valeur symbolique dans les esprits et les mentalités de ceux qui voulaient un retour au fédéralisme”, estime le chercheur camerounais Edouard Epiphane Yogo du Bureau des Etudes Stratégiques à Yaoundé. “Ce serait une victoire pour ceux qui voulait absolument le fédéralisme, et une victoire pour ceux qui voulait la décentralisation”, analyse-t-il.

Cependant “la guerre n’est pas finie”, souligne l’activiste anglophone Ayah Ayah Abine, qui juge que “seule une négociation entre les deux camps pourra mettre fin à la guerre”.

“Après les milliers de vie gâchées par la radicalisation des deux camps, il faudrait quelque chose de vraiment spécial pour mettre fin à ce conflit”, ajoute-t-il, estimant que le statut proposé par Yaoundé pour les régions anglophones n’est “qu’une combinaison de mots qui ne recouvre rien de précis”

‘Pas moyen de discuter’

Car dans le camp des indépendantistes radicaux qui ont boycotté ce dialogue, l’heure n’est vraiment pas à la conciliation.

Le chef d’un des groupes armés séparatistes, Ebenezer Akwanga, reste ferme: “Les habitants de l’Ambazonie (l’Etat qu’ils veulent créer dans les régions anglophones) n’ont pas besoin d’un statut spécial. Nous ne faisons pas partie du Cameroun”, a-t-il déclaré dans un message à l’AFP. “L’Ambazonie marche vers la liberté et rien ne pourra nous arrêter”, a-t-il ajouté.

Pour Chris Anu, leader indépendantiste, ce statut spécial proposé tient presque de l’insulte : “Suggèrent-ils que nous soyons un handicap?”, demande-t-il, avant d’asséner: “Rien de moins que l’indépendance totale pour le peuple du Southern Cameroons (autre nom de l’Etat anglophone voulu par les indépendantistes), et il n’y a pas moyen de discuter”.

La journée de jeudi a également été marquée par l’annonce par le président Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir, de la libération de 333 détenus arrêtés dans le cadre de la crise anglophone.

Une annonce lue par le Premier ministre dans la salle du grand dialogue et qui a été accueillie par des applaudissements fournis et des cris de joie, tandis que de nombreux séparatistes modérés ont salué le geste tout en réclamant l’amnistie générale.

Il y a cependant peu de chance que le principal leader des séparatistes, Sissiku Julius Ayuk Tabe condamné mi-août à la prison à vie notamment pour “terrorisme” soit concerné par cette décision.

“Lorsqu’on veut ramener la paix, généralement se sont les symboles qui comptent, le symbole ce n’est pas le nombre” de détenus libérés “mais plutôt la qualité” de ceux qui sont libérés, prévient M. Yogo.

AFP

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