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Controverse après l'annulation du discours d'une activiste sahraouie à l'Université de Sydney

Controverse après l'annulation du discours d'une activiste sahraouie à l'Université de Sydney

Australie

L’avocate sahraouie Tecber Ahmed Saleh ne s’adressera finalement plus à la chaire de la faculté de droit de l’Université de Sydney. L’intervention prévue le mercredi 25 septembre a été annulée, suscitant des préoccupations quant à une ingérence étrangère, et ce après que l’ambassade du Maroc ait réagi auprès de l’université.

Tout était fin prêt. La conférence sur les « aspects juridiques, politiques et humains » de la situation au Sahara occidental que devait animer la défenseure des droits de l’homme Tecber Ahmed Saleh devait même se tenir à guichet fermé à la faculté de droit de l’Université de Sydney. Mais, quelques jours avant l‘événement, l’institution a décidé de l’annuler.

Dans un communiqué, les responsables de l’université dressent un parallèle étroit entre les thèmes de la conférence programmée le 25 septembre, et de celle tenue, moins d’un mois plutôt. Le 5 septembre, l’activiste était notamment l’invitée de l’université et avait évoqué les droits de l’homme et la décolonisation au Centre d’études sur la paix et les conflits de l’Université de Sydney.

Un argument qui peine à convaincre les activistes sahraouis. Kamal Fadel, qui représente le Front Polisario – mouvement de libération du Sahara occidental – en Australie et Nouvelle-Zélande, a notamment confié au Guardian que l’intervention de l’avocate Saleh était programmée depuis des mois. Mais l’université a décidé de l’annuler moins de quinze jours avant l‘événement, de façon unilatérale et sans en informer les organisateurs.

Conflit persistant

Pour lui, il y a peu de doute que la protestation faite par l’ambassade du Maroc auprès de l’Université de Sydney soit en réalité la véritable cause de l’annulation. The Guardian Australia a confirmé que l’ambassade du Maroc avait fait des démarches auprès de la faculté de droit de Sydney pour faire part de ses préoccupations concernant le discours de l’activiste sahraouie.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été le théâtre d’un conflit jusqu’en 1991 entre le Maroc, qui a annexé le territoire en 1975, et le Front Polisario, qui réclame l’indépendance de cette étendue désertique de 266.000 km2 dans une région riche en phosphates et bordée d’eaux poissonneuses.

Un cessez-le-feu signé en septembre 1991 sous l‘égide de l’ONU prévoyait un référendum d’autodétermination dans les six mois, sans cesse repoussé depuis en raison d’un différend entre Rabat et le Polisario sur la composition du corps électoral et le statut du territoire. Depuis, en dépit des efforts de la communauté internationale, le statu quo demeure et les relations entre les deux camps sont toujours autant exécrables.

Un précédent dangereux

« Si un petit pays comme le Maroc, très éloigné, pense pouvoir faire cela, cela crée un précédent très dangereux pour d’autres puissances plus fortes. Nous espérons que cela n’est pas le cas, mais le fait qu’ils [l’ambassade du Maroc] ont envoyé une lettre et que l’événement a été annulé sans aucune discussion crée une impression », a estimé le représentant en Australie du Polisario.

Des soupçons d’ingérence étrangère que rejette en bloc l’université de Sydney. « Nous n’avons reçu aucune demande d’annulation de l‘événement », a martelé la porte-parole de l’université. La lettre de l’ambassade du Maroc « a exprimé son inquiétude quant au libellé de la description de la manifestation sur notre site Web et souhaitait que les informations présentées lors de la manifestation soient équilibrées », a-t-elle poursuivi.

L’université reste « profondément attachée à l’expression et à la protection de la liberté d’expression et de la liberté académique : cela inclut la tolérance vis-à-vis d’un large éventail de points de vue, même lorsque ceux-ci pourraient être controversés », a-t-elle ajouté.

Finalement, l‘événement dont tous les billets ont été vendus, a été déplacé à l’Université de technologie de Sydney. Mais pas de quoi taire les supputations. D’autres universitaires et syndicats ont eux-aussi écrit à l’université pour manifester leur préoccupation face à l’annulation du discours de Mme Saleh à la Fac de droit.

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