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Au Zimbabwe, le miracle du départ de Mugabe toujours attendu

Au Zimbabwe, le miracle du départ de Mugabe toujours attendu

Zimbabwe

Une économie aux abois, des populations désillusionnées et une nostalgie de l‘ère passée… Au Zimbabwe, près de deux ans après le départ de Robert Mugabe, l‘économie attend son miracle. Le gouvernement, lui, se dit à pied d’oeuvre pour reluire la situation du pays.

Les jours se suivent et se ressemblent au Zimbabwe. Les lignes interminables devant les magasins de produits de première nécessité, les pénuries d‘électricité, de carburant ou encore la pénurie de devises sont des scènes devenues banales dans le pays.

« Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’ai dormi la nuit. L’électricité revient à 23 heures, c’est le seul moment où nous pouvons commencer à cuisiner, à repasser, à recharger nos téléphones, tout. À 4 heures du matin, c’est fini », a confié à l’Associated Press Dadirai Tsvakai, une résidente de la capitale zimbabwéenne, Harare.

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Mais la principale ville du pays n’est pas la seule à vivre un quotidien laborieux. Si elle doit faire face à des pénuries récurrentes des produits de première nécessité, cumulée à une inflation galopante (plus de 42 %, plus haut niveau depuis 2008), dans les zones rurales, la famine guette. Selon un rapport produit ce mois-ci par l’ONU et des ONG humanitaires, ils sont désormais quelque 59 % des Zimbabwéens vivant en milieu rural, soit environ 5,5 millions de personnes, qui souffrent d’une insécurité alimentaire.

En novembre 2017, la chute du leader de longue date Robert Mugabe avait été suivie d’une ferveur nationale. Quelques mois plus tard, à l’issue des premières élections sans Mugabe, son successeur Emmerson Mnangagwa a promis de restaurer la santé économique du pays, et de lutter efficacement contre la corruption. À mi-chemin de son mandat, le gouvernement pense avoir assuré une partie de ses promesses. « Les gens sont très heureux », a déclaré à l’AP le porte-parole du gouvernement, Energy Mutodi. « Ils savent que le gouvernement fait de son mieux et va surmonter les difficultés », a-t-il ajouté.

En dépit des discours optimistes, le chef de l’Etat a toutefois averti son peuple que les difficultés actuelles étaient nécessaires pour retrouver le lustre d’antan. Pour ce faire, Emmerson Mnangagwa multiplie les manœuvres en interne – comme la mise sur le marché d’une nouvelle monnaie – , ainsi que les appels du pied aux bailleurs de fonds internationaux. Mais la répression violente des manifestations de rues, d’abord contre les résultats de la présidentielle en août 2018, puis en début d’année contre les difficiles conditions économiques du pays, a rendu difficile la tâche du dirigeant zimbabwéen.

Les entreprises dans le dur

En attendant, l‘économie du pays s’effondre et cela passe aussi par les entreprises étouffées par la pénurie en devises étrangères, mais aussi les délestages. Econet, la plus grande entreprise de télécommunications du Zimbabwe, qui gère l’essentiel des transactions en argent mobile du pays, a dû fermer ses portes en raison des coupures d‘électricité survenues au cours du week-end.

« Cela devient de plus en plus intenable et peu rentable de garantir une qualité de service raisonnable » en raison de coupures de courant. La société, comme bien d’autres, est obligée de faire fonctionner des groupes électrogènes jusqu’à 18 heures par jour. Dans le même temps, les fonctionnaires se lamentent de la dépréciation de leurs salaires alors que l’inflation fait rage.

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Face à cette panoplie de défis, le gouvernement zimbabwéen se retrouve à la croisée des chemins. Pour certains analystes comme Simon Bere, il est temps que les autorités mettent fin à la subvention de certains produits comme l‘électricité. « Les subventions sont bonnes, mais pas lorsque vous êtes en faillite comme l’est actuellement le gouvernement », a-t-il avancé. « Actuellement, il y a de grosses subventions sur l‘électricité et l’eau et le résultat, c’est la pénurie. »

Pour le gouvernement, l‘équation n’est pas pourtant aussi simple qu’elle ne paraît. Car les risques de protestations d’envergure – qui ont fait chuter Robert Mugabe – couve sous les mesures d’austérité. Comme alternative, Harare s’est fermement engagé contre la corruption, dépeinte comme l’un des maux les plus pressants de l‘économie zimbabwéenne.

De nouveaux membres ont été nommés début juillet à la commission anti-corruption. Et ce jeudi, une première tête dans les arcanes du pouvoir vient d‘être épinglée pour corruption présumée. Prisca Mupfumira, la ministre de l’Environnement et du Tourisme a notamment été arrêtée par la Commission anti-corruption du Zimbabwe (ZAAC). Mais pour nombre de Zimbabwéens, le chemin est encore long à parcourir.

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