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Ebola en RDC : l'utilisation d'un second vaccin en question

Ebola en RDC : l'utilisation d'un second vaccin en question

République démocratique du Congo

La semaine dernière, l‘épidémie d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo a été élevée au rang « d’urgence sanitaire mondiale » par l’Organisation mondiale de la santé. Une décision qui implique une nouvelle batterie de mesures dont l‘éventuelle utilisation de nouveaux vaccins. Mais avant, il va falloir convaincre des populations encore réfractaires.

Muhindo Nzangi Butondo, député provincial de la ville de Goma, se pose comme l’un des détracteurs de ces nouveaux vaccins. Dans un entretien à la BBC, ce député du mouvement Ensemble pour le changement a dit refuser que les populations de l’Est soient considérées comme des « cobayes » pour un nouveau vaccin. Une référence à peine voilée aux vaccins expérimentaux Janssen (Johnson & Johnson), CanSino Biologics Inc et Rospotrebnadzo envisagés pour renforcer la riposte contre l‘épidémie d’Ebola.

Déclenchée en août 2018 dans l’Est de la République démocratique du Congo, la dixième épidémie dans ce pays a déjà fait plus de 1 700 décès. Dans une région instable depuis une vingtaine d’années, la contre-offensive contre Ebola est rendue difficile par la bordée de milices armées qui pullulent la région, mais aussi par les interférences politiques ainsi que les coutumes qui forgent la méfiance des populations.

Et cette méfiance est l’un des principaux obstacles à l’utilisation d’un nouveau vaccin alors que le Merck, jusque-là seul vaccin approuvé par le comité d‘éthique de la RD Congo a déjà montré son efficacité dans 97,5 % des cas et assure une protection contre Ebola dans un intervalle de 10 jours. Déjà 170 000 personnes ont été vaccinées et le fabricant du vaccin a assuré disposer de 245 000 doses de 1 millilitre lui permettant de passer à 900 000 doses au cours des 18 prochains mois. Malgré tout, l’opposition de certaines populations persiste. « Une rumeur courait que si vous vous faites vacciner, vous mourriez », a confié à l’Associated Press, Liboke Kakule Muhingi, un fermier de 43 ans vivant à Mangina, où l‘épidémie a débuté en août dernier.

>>> LIRE AUSSI : La RDC défend les pratiques religieuses pour guérir Ebola Composer avec les communautés locales

L‘épidémie désormais classée comme « une urgence de santé mondiale », l’OMS et les organisations humanitaires internationales plaident pour l’utilisation d’un second vaccin, notamment le Janssen, pour contenir au plus vite l‘épidémie. Une option à laquelle semblent s’opposer les autorités congolaises qui craignent de créer la confusion et amplifier la méfiance des populations à l‘égard des équipes de riposte.

L’alerte la plus officielle est venue du désormais ex-ministre congolais de la Santé, Dr Oly Ilunga Kalenga. « (…) De fortes pressions sont exercées depuis plusieurs mois pour la mise en œuvre d’une nouvelle expérimentation en RDC. Le vaccin actuellement utilisé dans le cadre de cette épidémie est le seul qui a démontré son efficacité et qui donne une protection immunitaire en dix jours. Il est illusoire de croire que le nouveau vaccin proposé, par des acteurs qui ont fait preuve d’un manque d‘éthique manifeste en cachant volontairement des informations importantes aux autorités sanitaires, puisse avoir une incidence déterminante sur le contrôle de l‘épidémie en cours », a-t-il déclaré dans une lettre au vitriol dans laquelle il présentait sa démission au chef de l’Etat Félix Tshisekedi qui a décidé de prendre le relai dans la lutte contre la maladie.

>>> LIRE AUSSI : Ebola en RDC : démission du ministre de la Santé sur fond de refus d’un vaccin belge La réponse à Ebola en République démocratique du Congo s’apparente désormais à un dossier sanitaire aux relents politiques. Certains, notamment dans les zones touchées s’interrogent sur les mobilisations de fonds conséquents que suscite la maladie alors que des maux comme le paludisme, ou encore le choléra font autant de morts dans la région. Autre problème inhérent au dossier Ebola, outre les violences armées, la difficile communication avec les populations sur place. Certains analystes ont du reste suggéré que les équipes de riposte intègrent davantage les communautés locales afin de lever le voile sur les doutes.

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