Kenya
La justice kényane vient de relaxer le ministre des Finances, Henry Rotich, et son numéro deux au ministère, le secrétaire général, Kamau Thugge, inculpés pour plusieurs infractions de corruption portant sur des centaines de millions de dollars.
Douglas Ogoti, le juge à la manœuvre du procès avait enjoint les deux suspects de déposer une caution en liquide de 15 millions de shillings (128.000 euros), ou à défaut un titre de propriété d’une valeur de 50 millions de shillings, pour être remis en liberté. Toutefois, leur libération ne sous-tend pas leur acquittement. Le juge, a du reste insisté sur le fait que les deux accusés devaient rester éloignés de leurs bureaux, considérés comme un “lieu de crime” d’ici la fin de leur procès.
Ce mardi, devant la Cour, les deux hommes avaient martelé leur innocence face aux faits qui leur sont reprochés. Ils sont notamment accusés d’une dizaine de crimes financiers dont la fraude, l’abus de pouvoir ou encore l’encaissement de pots-de-vin.
Epine dorsale de ce dossier, le processus d’attribution du marché pour la construction de deux barrages dans l’ouest du Kenya, « criblé d’irrégularités » selon le directeur des poursuites publiques, Noordin Haji. Ce dernier est d’ailleurs l’instigation de l’arrestation et l’inculpation du ministre des Finances, ainsi que celles de 27 hauts responsables administratifs mêlés à ce scandale.
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Selon M. Haji, l’attribution du contrat à la firme italienne CMC di Ravenna avait contourné toutes les procédures en place, sans tenir compte des difficultés de l’entreprise qui faisait l’objet d’une liquidation judiciaire et n’avait pas achevé trois autres barrages coûteux. Trois cadres de la compagnie italienne font partie des personnes incriminées.
En tout, plus d’une centaine de millions de dollars a été mobilisée sans raison apparente et sans que les travaux des barrages n’aient été entamés.
Déjà hanté par des scandales de ce genre, le Kenya – classé 143e sur 180 dans l’index sur la perception de la corruption établi par Transparency International – se voit discréditer par cette nouvelle affaire. À l’entame de son second mandat en octobre 2017, le président Uhuru Kenyatta a promis d‘éradiquer la corruption. Mais, échaudés par les promesses passées, beaucoup de Kényans continuent à douter de ses intentions.
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