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Inspire Middle East : soigner le diabète et l'obésité au Moyen-Orient

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Cette semaine, Inspire Middle East s’intéresse à la santé au Moyen-Orient. Au programme :

  • Avec le directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la Méditerranée orientale nous faisons le point sur les urgences sanitaires auxquelles sont confrontés de nombreux pays de la région MENA.
  • Salim Essaid a enquêté sur l’obésité infantile aux Emirats Arabes Unis, et a rencontré Nouran Fouad, une étudiante inspirante.

82 millions de diabétiques en 2045

Les pays du Moyen Orient, comme le Liban, la Syrie, la Palestine ou l’Egypte, font face à des risques sanitaires particuliers. Pour connaître les priorités en matière de santé, les gouvernements font appel au docteur Ahmed Al Mandhari, une figure clé de l’OMS.

Selon lui, la région est confrontée à des défis majeurs, provoqués par des causes naturelle et humaine, notamment l’instabilité sociopolitique et économique.

Avec son plan “Vision 2023”, Al Mandhari appelle à une action unie pour améliorer les systèmes de santé des pays de la région.

Dans le radar du docteur, le diabète et l’obésité, aussi appelés « diabésité ». Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les cas de diabète devraient augmenter de 110 % et toucher 82 millions de personnes en 2045, d’après un rapport de Colliers International.

Huit pays, parmi lesquels le Koweït, les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et le Liban ont les taux d’obésité de l’adulte les plus élevés au monde, avec 27 à 40% de la population touchée.

La part des dépenses pour le diabète dans tous les pays de la région devrait grimper de 67%, et atteindre 35,5 millions de dollars lors des 26 prochaines années.

Lors de son passage à Abu Dhabi, nous avons rencontré le docteur Al Mandhari, pour discuter des défis médicaux au Moyen-Orient, et de son projet pour aider la région du Levant.

Rebecca McLaughlin-Eastham : Vous avez écrit un article intitulé “Vision 2023”, qui a pour objectif d’améliorer la santé des gens dans le monde entier, et qui a pour slogan « ne laisser personne à l’écart ». Qu’est-ce cela signifie exactement ?

Ahmed Al Mandhari : Je travaillerai en collaboration avec les Etats et les autres agences des Nations Unies pour servir les citoyens de la région. À l‘échelle mondiale, nous sommes confrontés à de nombreux défis, qui entraînent parfois des situations d’urgence et des catastrophes, naturelles ou causées par l’homme. Tout le monde devrait vraiment travailler comme un seul homme au service de l’humanité.

Parlons des pays du Levant, comme la Palestine, l’Irak, la Libye et le Liban. Quelles sont les urgences sanitaires dans ces pays, et en particulier, les maladies évitables ?

L’un des principaux défis, ce sont les maladies transmises par des microbes qui semblaient appartenir au passé mais qui reviennent maintenant.La poliomyélite nous inquiète particulièrement, et nous avons renforcé le programme de vaccination dans chaque pays. Dans notre région, certains pays connaissent des épidémies de rougeole. C’est pourquoi nous travaillons très dur pour mener des campagnes de vaccination, pour protéger les enfants contre la rougeole.

Si on élargit le débat à la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, nous sommes confrontés à une épidémie combinée de diabète et d’obésité. Les gouvernements en font-ils assez pour traiter les causes et pas seulement les symptômes ?

En toute honnêteté, il faudrait en faire plus. Et pour lutter de façon efficace contre ce type de maladie, il faut sensibiliser les citoyens, et encourager le public à adopter un mode de vie sain. Comme par exemple, avoir une activité physique, avoir des habitudes alimentaires saines et éviter certains facteurs à risques, comme la nourriture trop salée ou trop sucrée.

Pour rebondir sur ces aliments sucrés ou salés, pensez-vous que la mise en place des taxes sur ces produits est une bonne façon d’aider les gens à réduire leur consommation ?

Oui bien sûr. Quand on regarde les écrits et les études faites jusqu’à présent sur ce sujet, on voit que les taxes apportent des résultats rapides, pour les pays qui veulent améliorer la santé de leurs citoyens. De plus, ces taxes représentent un revenu supplémentaire pour les systèmes de santé des pays qui les mettent en place.

Est-on assez sensibilisé aux complications mentales qui apparaissent avec les maladies dites de civilisation, la « diabésité » par exemple, en particulier chez les enfants ? Est-ce que l’on traite les symptômes psychologiques de la même façon que les symptômes physiques ?

C’est bien connu, les patients qui souffrent de diabètes ou d’hypertension – ou ceux qui souffrent des complications liées à ces maladies – ont tendance à connaître des troubles mentaux, émotionnels et psychologiques comme le déni par exemple, surtout les enfants. C’est un sujet dont doivent s’emparer les Etats membres.

J’aimerais vous interroger sur le Yémen. Vous êtes allé sur place, vous avez vu ce qu’il s’y passe. La dernière étude de l’ONU dit qu’il y a plus de 360 000 enfants souffrant de malnutrition, qui luttent chaque jour pour leur survie. Quelle est votre évaluation de la situation sur le terrain ? Que réserve l’avenir à ces enfants ?

J’y suis allé il y a quelques mois de ça. J’ai vu la situation sur place, j’ai vu des enfants malades, j’ai visité des hôpitaux, j’ai visité des centres de réadaptation nutritionnelle ou des centres thérapeutiques gérés par l’OMS, l’UNICEF et d’autres organismes des Nations Unies. Le travail accompli dans ces centres est vraiment miraculeux. J’ai vu des enfants atteints de malnutrition à différents niveaux, graves, aiguës, chroniques, légères ou modérées. Les défis sont énormes, et pas seulement au Yémen. Cela concerne le monde entier, et surtout notre région. En même temps, d’après mes visites dans ces pays je peux dire que pour chaque défi, il y a des centaines de solutions. Nous devons simplement être rapides, flexibles, dynamiques dans l’exploration de ces possibilités.

Inculquer aux enfants de meilleures habitudes

Les maladies comme le diabète ou l’obésité pèsent lourds sur les systèmes de santé et sur les budgets des Etats du monde entier. Pour s’attaquer à ces problèmes, les écoles et les centres de santé des Emirats Arabes Unis s’efforcent d’enseigner de bonnes habitudes alimentaires aux élèves.

Nouran Fouad a longtemps été complexée par son poids. A 18 ans, elle a donc décidé de suivre un programme de remise en forme et en deux mois, elle a perdu plus de 10 kilos. Pour la jeune femme, ce qu’elle a gagné en retour est vraiment encourageant.

“J’ai la sensation d’être beaucoup plus active, raconte-t-elle. Avant, j’avais beaucoup d’objectifs mais je ne les réalisais pas car j’étais trop paresseuse, j’étais tout le temps assise et je ne faisais rien. Je ne voulais pas montrer mon corps.»

Chaque semaine, Nouran s’est rendue à la clinique De Novu à Dubaï, où elle a suivi un programme complet de perte de poids, passant en revue sa condition physique et ses habitudes alimentaires et sociales.

Si le surpoids est en partie lié à la génétique, il peut également être causé par le mode de vie. Dans les pays du Golfe, la sédentarité et la culture du fast-food sont mises en cause.

Mais d’autres habitudes sont particulière à la région, comme l’explique Julie Johnson, coach au De Novu Institute : “Souvent, la famille et l’entourage estiment que c’est très irrespectueux de ne pas manger quand on est invité quelque part. On ne sait pas toujours dire non.”

Nouran ira à l’Université plus tard cette année. En attendant, elle savoure une confiance en elle retrouvée : “J’ai encore 10 kg à perdre, c’est mon objectif. Je pense que je commence une nouvelle vie, avec un nouveau corps, une nouvelle forme physique, un nouvel état d’esprit, et tout ça aura un impact sur mon futur.”

124 millions d’enfants obèses dans le monde

Selon une étude de l’OMS et de l’Imperial College de Londres, le nombre d’enfants obèses, âgés de 5 à 19 ans, a décuplé dans le monde au cours de ces 40 dernières années, passant de 11 millions en 1975 à 124 millions en 2016.

Le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, est l’une des trois régions dans le monde où l’obésité croit le plus rapidement, avec plus de 20% de jeunes diagnostiqués obèses.

Les élèves passent 8 heures par jour dans les écoles des Emirats. Le déjeuner est donc le repas le plus important de leur journée. Certains essayent donc de proposer une nourriture plus équilibrée, pour leur inculquer de meilleures habitudes alimentaires.

A la place des sandwichs et autres plats préparés, les élèves de l’école Jumeira à Dubaï peuvent profiter d’un buffet fourni, proposant par exemple des options végétariennes ou du ketchup sans sucre. Une façon d’encourager les élèves à adopter des habitudes saines.

Salim Essaid a rencontré le PDG de Slices, une entreprise alimentaire qui nourrit 10 000 élèves émiratis chaque jour. Faisal Al Hammadi a pour projet d’utiliser la technologie pour suivre ce que les élèves mangent chaque jour et d’en informer les parents.

“Nous sommes en train de créer un tableau de bord qui montrera aux parents et aux élèves la quantité de fibres, de protéines, de glucides et de macronutriments consommés par les élèves, en les comparant aux normes scolaires mondiales”, explique le PDG.

L’application devrait être lancée cette année. Objectif : que les élèves ramènent non seulement de bonnes notes à la maison, mais aussi de bonnes habitudes alimentaires.

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