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Cacao : nécessité des réformes en Côte d'Ivoire, 1er producteur mondial (rapport)

Cacao : nécessité des réformes en Côte d'Ivoire, 1er producteur mondial (rapport)

Côte d'Ivoire

Le secteur du cacao, stratégique pour la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, doit se transformer pour assurer son avenir et mieux jouer “son rôle de moteur du développement économique” du pays, souligne la Banque mondiale dans un rapport publié jeudi.

Ce texte examine la manière dont le cacao, qui représente 40% des exportations de marchandises du pays, pourrait soutenir la transformation structurelle de la Côte d’Ivoire. Actuellement, “malgré son poids dans l’économie et la société ivoiriennes, la filière du cacao ne joue pas pleinement son rôle de moteur du développement économique”.

Plus de la moitié des producteurs vivent en deçà du seuil de pauvreté, avec moins de 757 francs CFA (1,2 dollar) par jour. Près de 80% des gains de la filière sont concentrés au niveau de la deuxième transformation (celle de la pâte de chocolat) et de la distribution des produits finis aux consommateurs, deux étapes où la Côte d’Ivoire ne joue pas de rôle important.

“La Côte d’Ivoire récolte entre 7 à 8% des gains totaux de la filière chocolat-cacao, alors que le pays pèse 40% du cacao mondial”, explique à l’AFP l’auteur du rapport, l‘économiste Jacques Morisset.

Le rapport préconise une transformation industrielle de la Côte d’Ivoire qui lui permettrait de développer ses capacités et de capter une plus grande part de la valeur ajoutée engendrée dans la filière cacao mondiale.

Il faut “assurer une meilleure répartition de la valeur ajoutée parmi les acteurs ivoiriens de la filière, notamment par une utilisation plus équitable des prélèvements fiscaux et parafiscaux, qui sont actuellement prélevés sur les producteurs de cacao”.

Par ailleurs, les consommateurs des pays industrialisés deviennent plus exigeants, à la suite d’enquêtes ayant montré les nuisances environnementales et sociales liées à la culture du cacao (travail des enfants, destruction des forêts du fait de l’expansion des surfaces cultivées).

“Il devient de plus en plus difficile de vendre du cacao qui n’est pas certifié (équitable). Des pays comme l’Allemagne ont déjà proscrit les ventes de chocolat qui ne sont pas certifiées et ce mouvement devrait s’intensifier dans les années à venir”, note le rapport.

En outre, un tiers du verger existant vieillit et souffre d’épidémies et devra être remplacé rapidement.

Enfin, l’impact du changement climatique se fait de plus en plus sentir en Côte d’Ivoire où les terres de culture du cacao s’assèchent et voient leur fertilité diminuer.

“Urgent d’agir”

“Ce n’est plus une option, c’est une condition de survie. Il est urgent d’agir car le monde du cacao est en train de vivre plusieurs mutations profondes”, insiste le rapporteur. Il propose “une révolution verte qui permettrait une augmentation radicale du rendement des cacaoyers”, qui est de “500 kg/hectare depuis 20 ans”.

“Si ces mutations bousculent le statu quo, elles représentent aussi une formidable opportunité pour que la Côte d’Ivoire adopte les réformes qui l’aideront à se transformer afin d’atteindre l’émergence économique le plus rapidement possible”, estime-t-il.

Le pays compte près d’un million de producteurs qui fournissent un revenu à cinq millions de personnes, soit environ un cinquième de la population. Il produit environ 2 millions de tonnes par an, dont il transforme moins de 500.000.

Le cacao est le premier pourvoyeur de devises du pays et l’un des secteurs qui contribuent fortement aux recettes de l’État.

La Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux premiers producteurs mondiaux de cacao, ont mis récemment en place un nouveau mécanisme de vente de leur cacao, qui instaure un différentiel de 400 dollars la tonne.

“400 dollars la tonne seront versés aux producteurs en cas de conjoncture défavorable du marché qui impliquerait que la tonne se négocie à un prix en deçà du prix plancher de 2.600 dollars la tonne”, explique un expert.

Ces deux pays avaient décidé qu’ils ne vendraient plus leur cacao en deçà de 2.600 dollars la tonne afin de mieux rémunérer les agriculteurs qui perçoivent seulement 6 des 100 milliards de dollars que représente le marché mondial du cacao.

La publication de ce rapport intervient dans un contexte d’embellie pour l‘économie ivoirienne dont le taux de croissance a dépassé 7% en 2018 et devrait atteindre 7,2% en 2019 pour se stabiliser à ce niveau dans les prochaines années, selon la BM.

AFP

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