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Inspire Middle East

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Inspire Middle East : la technologie au service de l'art

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Cette semaine Inspire Middle East est aux Emirats Arabes Unis pour explorer la place de la technologie dans les arts. Au programme :

  • À Abu Dhabi nous prenons part au sommet annuel de la culture. L‘édition 2019 s’intéresse aux nouvelles technologies, avec cette question : comment le numérique peut-il apporter au monde des arts un changement positif ?

  • Nous parcourons la 14ème édition de la Biennal d’art de Sharjah, où près de 80 artistes présentent des œuvres destinées à susciter la réflexion.

Le numérique et la high-tech au service de l’art

Lors du troisième Sommet annuel de la culture d’Abu Dhabi, des experts de 90 pays ont exploré comment la technologie pouvait devenir un atout majeur pour les arts aux Emirats arabes unis.

Pour la ministre de la culture Noura Al Kaabi, la culture doit être inclusive et doit transcender tous les échelons de la société. Selon elle, c’est la technologie qui façonnera le future de la scène artistique du pays. Elle a donc invité les entreprises, telle que Google, à proposer des avancées qui pourraient stimuler la créativité artistique, sans la contrôler.

La réalité virtuelle est par exemple utilisée pour aider à la reconstruction de la mosquée Al-Nouri, l’un des monuments les plus sacrés et les plus magnifiques d’Irak, qui avait été détruit en 2017.

Un chantier de près de 50 millions de dollars, financé par les Emirats Arabes Unis.

“La technologie nous aide à reconstruire la mosquée Al-Nouri de Mossoul, explique Noura Al Kaabi. Nous avons annoncé la reconstruction du minaret et de la mosquée l’année dernière. Nous avons visité la mosquée, mais depuis Paris, grâce à la réalité virtuelle. Cette sphère virtuelle nous aidera à l’avenir. »

Tim Marlow, un célèbre historien des arts et membre de l’Académie royal des arts de Londres était également présent au sommet. Selon lui, la popularité des musées et des galeries d’arts n’a pas faibli dans notre monde ultra-connecté. Au contraire, la technologie attire un nouveau public et apporte nombreux avantages.

“C’est un domaine extrêmement important, qui peut amener davantage de gens vers des institutions et des musées, affirme-t-il. C’est un moyen par lequel les artistes peuvent explorer ce qu’est l‘être humain et le post-humain. C’est aussi un moyen de documenter et d’archiver le passé, et également notre compréhension future du passé et de sa détérioration.”

À la tête d’une institution veille de 251 ans, il a présenté aux Emirats ses réflexions pour développer leur scène artistique en plein essor.

“Mon conseil est de croire au pouvoir de l’art, qui peut changer fondamentalement la façon dont les gens voient le monde et les relations qui les unissent. C’est un outil très puissant.”

Guggenheim Abu Dhabi : le Pop art à l’honneur

Dans les trois prochaines années, Abu Dhabi va augmenter de 136 millions de dollars ses dépenses pour la promotion du tourisme.

Parallèlement à l’achèvement du projet Louvre Abu Dhabi, on trouvera également le musée Guggenheim Abu Dhabi, sur l’île de Saadiyat. Construit par le célèbre architecte Franck Gehry, le bâtiment est actuellement en phase de développement

Pour en savoir plus, nous avons rencontré Richard Armstrong, de la fondation Guggenheim à New York.

Rebecca McLaughlin-Eastham : Richard, vous venez fréquemment aux Emirats Arabes Unis et dans la capitale. Que pensez-vous de la scène artistique ici ?

Richard Armstrong : Eh bien, je pense que c’est un lieu d’étonnement constant. Il y a de bonnes bases dans diverses universités et dans les quartiers en passe de devenir des capitales pour la création. Je vois un grand avenir pour cet endroit, à la fois pour les artistes et pour le public.

Concernant le Guggenheim, pouvez-vous nous parler de l’avancement du projet ? Etes-vous dans les temps ? Dans le budget prévu ?

Oui, nous sommes en bonne voie, et le budget est respecté. Nous avons hâte de commencer bientôt les travaux de construction.

Le bâtiment de Franck Gehry sera difficile à construire. Combien de temps devraient durer les travaux ?

Je pense qu’ils prendront trois à quatre ans. C’est un grand bâtiment, et certaines parties sont complexes, il faudra du temps pour les assembler.

Que pourrons-nous voir à l’intérieur ?

Nous travaillons avec nos collègues ici pour constituer ce que nous considérons être la première collection mondiale d’œuvres réalisées après 1965. Il y aura de nombreuses pièces venues du monde entier, principalement dans le sillage du Pop art. Nous avons des peintures et des sculptures incroyables, réalisées par de jeunes artistes. Au dernier étage, nous devrions avoir des œuvres très intéressantes de James Tyrell, Ernesto Neto ou la Polonaise Monika Sosnowska.

A l’heure du numérique, est-ce que tous les musées doivent avoir recours aux nouvelles technologies?

Je pense qu’il est toujours utile d‘élargir non seulement le réservoir de connaissances, mais aussi le réservoir de personnes curieuses. Donc, dans la mesure où ces choses peuvent arriver, oui. De plus la technologie peut vous apporter beaucoup d’informations contextuelles que vous ne connaissiez probablement pas. Par ailleurs, elle peut aider les gens à voir des œuvres d’arts, inexactes certes, mais ainsi, ils reconnaissent ces œuvres quand ils les voient en vrai.

Vous avez parcouru les rues de la capitale, vous avez visité ses institutions culturelles. Quel type d’art souhaiteriez-vous voir davantage ?

Je pense que la meilleure chose qui puisse arriver ici, c’est que le marché se développe. C’est mieux lorsque les artistes ont la possibilité de subvenir à leurs besoins grâce à loyauté d’acheteurs privés. Et c’est une façon de démontrer que le capitalisme peut fonctionner pour le mieux.

A-t-on besoin de plus d’art accessible à tous ? Plus de sculptures, de peintures murales, de street-art, de graffitis ?

Je pense que c’est ce qui va arriver, mais généralement je n’aime pas trop ce genre d’activités. Je préfère de loin l’aménagement paysager. Et je pense franchement qu’il n’y a pas beaucoup d’artistes qui sont capables de réaliser un œuvre destiné au grand public, qui reflète vraiment le sens de la nuance et le sens des valeurs communes. On se retrouve donc parfois avec des peintures murales et d’autres types d’œuvres qui ne convainquent vraiment personne.

La technologie n’enlève-t-elle pas quelque chose aux origines, à cette tradition d’aller dans un musée, pour regarder des œuvres ?

Je pense que l’une des principales qualités de mon métier, c’est que l’art est ouvert à tous, même ceux qui n’ont pas beaucoup de culture. Chacun peut interpréter les choses à sa façon, Il n’y a pas de mauvaise interprétation, selon moi.

Où se trouvera le prochain Guggenheim? Après Abu Dhabi, quelle sera la nouvelle étape ?

Mars, c’est ce que je réponds toujours … Plus sérieusement, je dirais que construire ce musée ici, aider les Emirats et être sûr que tout va dans la bonne direction, cela va concentrer toute notre énergie pour les dix prochaines années.

L’art pour provoquer le débat et la réflexion

Lors des sept prochaines semaines, l’Emirat de Sharjah sera rempli d’œuvres d’art. Des peintures et des sculptures ont été disséminées un peu partout sur le territoire pour la 14ème édition de la Biennale d’art.

Sur le thème “Sortir de sa bulle”, près de 80 artistes ont abordé de nombreux sujets, comme la guerre, les migrations, le changement climatique ou la politique.

Les visiteurs sont embarqués dans un voyage multi-sensoriel : réalité virtuelle, performances artistiques et compositions sonores sont utilisées pour provoquer une réflexion sur des thèmes de société et sur ses propres idées préconçues.

L’artiste libanais, Lawrence Abu Hamdan, utilise des installations audio-visuelles dans son œuvre « Once Removed », pour apporter son propre regard sur la guerre civile libanaise.

L’œuvre se concentre sur sa muse, Bassel Abi Chahine, qui pense être la réincarnation du soldat Yousef Fouad, mort au combat à l’âge de 16 ans. Des flash-back et des souvenirs inexpliqués ont conduit Abi Chahine à faire des recherches approfondies sur ce conflit sectaire, pour comprendre ce qu’il croit être sa vie antérieure.

“Il fait partie de ma génération, qui n’a rien appris sur cette guerre, raconte Lawrence Abu Hamdan. Et c’est aussi quelqu’un qui est revenu, de sa vie passée, en tant que soldat de cette guerre, et qui a donc une relation très personnelle avec elle. Il est mort en y combattant, donc, il existe vraiment dans ces deux réalités à la fois. Et c’est cette tension entre ces deux moments que mon œuvre tente de comprendre.”

Abu Hamdan brouille souvent les lignes entre l’artiste et l’humanitaire. Dans le cadre de son travail, il a aidé des enquêtes sur les droits de l’homme et a fourni des preuves devant un tribunal d’asile et d’immigration au Royaume-Uni.

“Je m’intéresse vraiment à l’utilisation de l’art pour expérimenter les limites du témoignage, poursuit-il. Ce n’est pas nécessairement mon travail de donner les faits tels qu’ils sont présentés dans les médias, mais de trouver d’autres stratégies. L’art pourrait avoir sa propre façon de présenter la réalité.”

Avec son installation, l’artiste émiratie Alaa Edris observe la progression de sa ville natale Sharjah, au cours de la dernière décennie.

Dans ses vidéos, elle interroge l’observateur sur sa conception de la réalité.

“Si on recherche uniquement quelque chose de beau, je pense que c’est juste de la décoration, explique-t-elle. Il faut repousser les limites de vos œuvres d’art et amener le spectateur à s’interroger sur ce qu’il voit et ce que cela signifie dans son contexte.”

Pour ces artistes, l’important n’est pas uniquement que leur travail soit vu, mais aussi que leur message soit entendu.

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