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La Libye face à un nouveau risque d'escalade de la violence

Libye

L’homme fort de l’est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, a ordonné jeudi à ses forces “d’avancer” en direction de la capitale Tripoli, siège du gouvernement d’union nationale (GNA), suscitant de fortes craintes d’un embrasement militaire dans ce pays divisé.

Deux autorités se disputent depuis des années le pouvoir dans ce pays en proie au chaos : à l’ouest, le GNA, dirigé par Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 par un accord parrainé par l’ONU et basé à Tripoli. A l’est, une autorité rivale contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar.

“L’heure a sonné”, a déclaré le maréchal, ordonnant aux troupes qui lui sont loyales “d’avancer” sur Tripoli dans un message sonore diffusé jeudi sur la page Facebook du “bureau des médias” de l’ANL, promettant d‘épargner les civils, les “institutions de l’Etat” et les ressortissants étrangers.

Mercredi, le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l’ANL, avait, lui, annoncé la préparation d’une offensive pour “purger l’ouest” libyen “des terroristes et des mercenaires”, sans identifier davantage ces cibles.

Du côté du GNA, le Premier ministre Fayez al-Sarraj a donné mercredi soir l’ordre aux forces qui le soutiennent de se tenir prêtes pour “faire face à toute menace”.

De puissants groupes armés de la ville de Misrata (ouest), loyaux au GNA, se sont dits jeudi “prêts (…) à stopper l’avancée maudite” des pro-Haftar.

Dans un communiqué, ils ont demandé au chef du GNA, M. Sarraj, de donner ses “ordres sans délai” aux commandants des forces dans la région ouest “pour affronter ce rebelle”.

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Signe de ces tensions ravivées, le commandant des opérations militaires de l’ANL dans la région ouest, le général Abdessalem al-Hassi, a affirmé jeudi à l’AFP que ses forces étaient entrées sans combattre dans Gharyan, ville située à 100 km au sud de Tripoli. Cette information a toutefois été démentie par au moins quatre sources locales contactées par l’AFP.

Jeudi à l’aube, une colonne de véhicules armés de l’ANL est arrivée au sud de Gharyan, où l’armée du maréchal Khalifa Haftar avait toutefois déjà obtenu le ralliement d’un important groupe armé local, selon des images diffusées par des médias pro-Haftar.

Affirmant que l’ANL avait pris position autour de la ville, en particulier dans la région de Jandouba, à 25 km au sud, un responsable de la ville a dit à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que Gharyan était divisée entre pro et anti-Haftar.

“Des efforts sont en cours pour éviter une confrontation à l’intérieur même de la ville”, a-t-il affirmé.

Outre l’est libyen, le maréchal Haftar contrôle déjà des pans du sud du pays, vaste région désertique et marginalisée aux confins de l’Algérie, du Niger, du Tchad et du Soudan.

En janvier, il y avait lancé une offensive pour “purger” cette zone “des groupes terroristes et criminels” et de groupes rebelles tchadiens.

Sebha, chef-lieu du sud, ainsi qu’un des plus importants champs pétroliers du pays, à al-Charara, sont passés sous son contrôle.

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Cette montée des tensions a coïncidé jeudi avec le deuxième jour de la visite dans le pays du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

M. Guterres dernier s’est dit “vivement préoccupé par le mouvement de troupes (…) et le risque de confrontation”.

“J’appelle au calme et à la retenue alors que je me prépare à rencontrer les dirigeants libyens”, a-t-il ajouté sur Twitter.

Il n’existe “pas de solution militaire”, a-t-il réaffirmé. “Seul le dialogue interlibyen peut résoudre les problèmes libyens.”

La délégation de l’Union européenne et les chefs des missions diplomatiques européennes ont également mis en garde contre l’“escalade”. “Nous exhortons toutes les parties à désamorcer immédiatement les tensions”, ont-ils ajouté dans un communiqué commun.

Washington, via son ambassade, a aussi “condamné avec force la hausse de la violence” et répété “l’appel de l’ONU à la retenue”.

L’opération annoncée par l’ANL intervient à quelques jours de la tenue d’une Conférence nationale sous l‘égide de l’ONU, prévue mi-avril à Ghadamès (sud-ouest) et destinée à dresser une “feuille de route”, avec notamment la tenue d‘élections afin de tenter de sortir le pays de l’impasse.

Aucun des efforts diplomatiques de l’année écoulée n’a permis de percée.

Selon Emad Badi, un analyste libyen, l’avancée des troupes du maréchal Haftar peut lui permettre de “valoriser sa position au niveau des négociations, si la conférence de Ghadamès se tient”.

Mais l’analyste fait aussi état d’une “coordination accrue” entre les factions de l’ouest libyen, qui “considèrent toutes que Haftar est une menace commune”. “Il existe des signes qu’ils vont se mobiliser collectivement contre lui”, dit-il.

“Le risque d’embrasement est accru par les manœuvres provocatrices (…) de Haftar”, juge pour sa part Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye.

“Prendre Tripoli n’est assurément pas une tâche facile, mais cela reste une possibilité” pour le maréchal Haftar, appuyé par différents pays du Golfe, avance-t-il, faisant allusion aux Emirats arabes unis, à l’Egypte et à l’Arabie saoudite, où il a été reçu fin mars par le roi Salmane.

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