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Le Burundi fait financer les élections par la population

Le Burundi fait financer les élections par la population

Burundi

Le gouvernement burundais, qui a décidé de faire financer les élections 2020 par sa population pour ne pas dépendre des donateurs internationaux, va instaurer une compétition pour désigner la commune qui récoltera le plus de contributions, selon un document officiel obtenu vendredi par l’AFP.

Jusqu’ici, les élections au Burundi étaient en grande partie financées par les bailleurs de fonds traditionnels (UE, États-Unis, pays occidentaux). Mais ceux-ci ont des relations très tendues avec le pouvoir du président Pierre Nkurinziza, qui a écarté leur aide cette fois-ci pour échapper à leurs pressions.

Pour financer ces élections, le gouvernement a imaginé différentes stratégies. L’une consiste à instaurer “un système de compétition intercommunale”, selon une lettre du ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, adressée à tous les gouverneurs du pays et que s’est procurée l’AFP.

“Il s’agit d’un exercice d‘évaluation des communes (basé) sur le seul critère de maximiser le plus possible les contributions de la population, et dont la cérémonie de publication des résultats se déroulerait dans la commune qui se serait classée 1ère et sous le haut patronage de M. le président de la République”, a-t-il expliqué.

Le gouvernement veut “mettre les bouchées doubles afin de boucler” le budget d’organisation de ces élections générales prévues en 2020, a déclaré à l’AFP un haut cadre burundais ayant requis l’anonymat.

Le président Nkurunziza avait annoncé la semaine dernière que 70% du budget avait déjà été réuni.

Plus de 70% de Burundais vivent en dessous du seuil de pauvreté

Selon la terminologie officielle, il s’agit de “contributions volontaires”. Mais les abus constatés dans la collecte se sont multipliés depuis l’instauration d’une ordonnance ministérielle qui fixe les montants à payer en fonction des catégories de population.

Dans certaines communes, les gens n’ont plus droit aux services publics de base (documents officiels, soins médicaux, gratuité de l’accouchement …) s’ils ne présentent pas leur quittance.

La pression est telle que les élèves qui seront en âge de voter en 2020 sont régulièrement chassés de leur école s’ils n’ont pas encore payé leur contribution, fixée à 1.000 francs burundais (0,5 euros) par an.

Une circulaire officielle de la ministre de l‘Éducation, Janvière Ndirahisha, datée de début février 2019 et qui “plaidait” pour qu’ils ne soient plus renvoyés, n’a pas permis d’enrayer le phénomène.

L’Olucome, la principale organisation de lutte contre la corruption au Burundi, a regretté dans un tweet que le gouvernement n’ait trouvé d’autre solution que d’instaurer une compétition pour prendre l’argent des gens “alors qu’ils sont déjà si pauvres”.

Près de 70% des Burundais vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Ils sont soumis à d’autres contributions du même ordre, notamment pour la construction d’infrastructures communautaires (stades, bureaux communaux, écoles, centres de santé …).

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