Ouganda
L’imposition de taxes sur les réseaux sociaux et les transactions mobiles en Ouganda est en train de livrer ses premiers résultats. Contrairement aux attentes des autorités, cette taxe n’a pas encore renfloué les caisses de l’Etat, mais a plutôt conduit à une hémorragie des abonnés d’internet dans le pays.
En juillet 2018, le gouvernement ougandais introduisait une taxe « sur le commérage » telle que définie par le président Yoweri Museveni, puis requaliées de taxes pour servir les intérêts économiques du pays. Les internautes devaient alors consentir le paiement de 200 shillings ougandais par jour pour l’utilisation de plus de 60 plateformes en lignes, notamment Facebook, Twitter et WhatsApp. Cette nouvelle taxe avait suscité la stupéfaction et la colère en Ouganda et à l’international, certains accusant le dirigeant ougandais de vouloir brimer la liberté d’expression de ses populations.
Des mois sont passés, mais le succès de cette décision tarde à se matérialiser, notamment dans les caisses de l’Etat ougandais. Et ce d’autant que trois mois seulement après l’introduction de cette taxe, le web ougandais a accusé une saignée de ses utilisateurs. Ils se compteraient en millions d’abonnés. 2,5 millions selon la Commission ougandaise des communications.
Les services de voix ou de messagerie tels que WhatsApp et Messenger ont été amputés de 1,2 millions d’abonnés. Quant aux revenus des transactions mobiles, ils ont chuté de près d’un quart pour s‘établir à 14,8 millions shillings entre juillet et septembre. “La taxe n’a pas généré les revenus escomptés par le gouvernement”, a déclaré à The Guardian Irene Ikomu, une avocate basée à Kampala, la capitale. Les secteurs de la technologie et de la finance ont été également touchés, a déclaré Ikomu.
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Mais pour la Commission ougandaise des communications, il n’y a pas encore de quoi s’alarmer. Il s’agirait juste d’un changement de comportement des utilisateurs eu égard de la situation. “Si je peux accéder à Internet au travail, je préférerais y accéder au travail et probablement ne pas y accéder quand je ne suis pas au travail”, a déclaré le porte-parole de cette commission Ibrahim Bbosa. “Probablement, tôt ou tard, les gens se rendront compte que c’est une chose avec laquelle ils peuvent vivre. Le modèle va revenir à la normale”, a-t-il ajouté.
Des experts en droits de l’homme, eux, restent davantage préoccupés par l’impact de cette taxe sur l’engagement civique et la liberté d’expression en Ouganda. Les médias sociaux sont devenus la principale source d’informations politiques et d’actualités”, a déclaré l’avocate Ikomu. “L’exposition accrue à l’information via Internet a conduit les citoyens ougandais à être plus critiques vis-à-vis des conditions politiques dans le pays”, a-t-elle poursuivi.
En 2016, par exemple, le président Museveni a ordonné la suspension des réseaux sociaux pendant les élections afin d’empêcher la propagation de “fausses informations”. Dans la perspective des prochaines élections en Ouganda, l‘éventualité d’un élargissement des restrictions de la liberté d’expression ravive les craintes.
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