Afrique du Sud
L‘église sud-africaine de nouveau au cœur d’une controverse. L’affaire du pasteur Alph Lukau qui prétend avoir ressuscité un mort a fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. Elle vient surtout raviver le souvenir de nombreux scandales au sein des églises sud-africaines dont nous vous listons quelques-uns.
Les réseaux sociaux sud-africains et un peu partout en Afrique bruissent de railleries à l’encontre d’un homme : Alph Lukau, pasteur d’une église évangélique et patron du conglomérat d‘églises Alleluia Ministries. Ce Sud-Africain d’origine congolaise est ridiculisé en long et en large par les internautes après qu’il s’est vanté d’avoir ressuscité un mort, sous les yeux de milliers de fidèles. Depuis, un challenge photos et vidéo dénommé #RessurectionChallenge a irrigué les plateformes sociales avec toutes sortes de scénarii aussi incongrus et loufoques les uns que les autres.
Considéré par la presse sud-africaine comme le pasteur le plus riche de la planète avec une fortune avoisinant le milliard de dollars, Alph Lukau vient toutefois rallonger une liste de pasteurs en Afrique du Sud qui font parler d’eux, plus pour leurs actions politiquement incorrectes que pour leurs œuvres charismatiques.
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Souvenez-vous, c‘était le 10 février 2018. Le tribunal d’une petite ville de la province du Limpopo (nord), en Afrique du Sud, était en vedette dans le cadre du procès du pasteur Lethebo Rabalago accusé d’avoir aspergé le visage de ses fidèles d’un insecticide destiné, selon lui, à les guérir de leurs maux ou leurs péchés. L’affaire avait éclaté en novembre 2016, lorsqu’avaient été publiées sur la page Facebook de l‘Église de l’Assemblée générale du Mont Zion (MZGA) des photos du “prophète” en train de “soigner” ses fidèles à grands jets d’insecticide
“Des gens sont venus avec des blessures. Nous leur avons pulvérisé de l’insecticide et ils sont guéris”, s‘était défendu Lethebo Rabalago dans la presse locale. Reconnu coupable de violences, le prophète a été condamné à 21000 rands. La société Tiger Brands qui fabrique l’insecticide “Doom” avait fait part de son indignation et rappelé les dangers de son produit.
Ce scandale était intervenu près d’un an après un autre, très médiatisé, d’un pasteur qui faisait manger des rats et des serpents à ses fidèles.
Si le prophète Lethebo Rabalago est resté en liberté après le paiement de son amende, l’issue d’un procès visant un autre pasteur sud-africain pourrait être moins heureuse. Poursuivi pour les viols d’une trentaine de jeunes adeptes de son Eglise, entre 2009 et 2017, le pasteur Timothy Omotoso risque gros. Charismatique et flamboyant, cet homme de 60 ans est l’un des pasteurs les plus connus d’Afrique du Sud. Son procès ouvert le 8 octobre 2018 et retransmis en direct à la télévision a déchaîné les passions dans le pays, en raison de l’agressivité des plaidoiries, notamment celle de l’avocat de la défense.
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Mais dans l‘église sud-africaine, il n’y pas que des scandales retentissants qui finissent en cour de justice. Il y a aussi Gabola, ce lieu de culte situé à Orange Farm (40 kilomètres au sud de Johannesburg) et au sein duquel les nouveaux fidèles sont baptisés à l’alcool de leur choix. Un hymne à l’alcool qu’assume pleinement son fondateur et pape autoproclamé, Tsietsi Makiti. Rejeté par l’Union des Églises indépendantes d’Afrique du Sud, Tsietsi Makiti ne prend guère offense de ces critiques, mais dénonce à l’inverse l’hypocrisie au sein de l‘église. “Notre objectif est de convertir les bars et les tavernes en églises (…) Et nous convertissons les propriétaires de tavernes en pasteurs”, déclarait-il dans un entretien avec l’Associated Press.
Ces cas ne sont pas exhaustifs dans une Afrique du Sud où les autorités tiennent à préserver la liberté religieuse, mais ils sont bien symptomatiques des dérives qui parasitent l‘église dans ce pays, ainsi que dans bien de pays africains. Pour la Commission sud-africaine pour la promotion et la protection de la culture, de la religion et des communautés linguistiques, les conditions sociales sont pour beaucoup dans le succès de ces pasteurs d’un autre genre.
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“En Afrique du Sud, la pauvreté ne cesse d’augmenter, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres se creuse, le chômage est de plus en plus important. En bref, la crise qui secoue notre pays a créé beaucoup de désespoir. Ces pasteurs se tournent vers les populations les plus pauvres, peu éduquées et dépourvues pour leur proposer une alternative. Ils promettent des emplois, la guérison et d’autres choses en échange de + sort +”, déplorait Thoko Nonhle Mkhwanazi-Xaluva, la présidente de cette commission, auprès de nos confrères de France 24, en novembre 2016.
Au Rwanda, où le gouvernement est résolument engagé contre la prolifération des lieux de culte, notamment ceux qui exercent dans l’illégalité, 6 000 églises et une centaine de mosquées auraient été fermées. Désormais, Kigali réclame non seulement des conditions d’hygiène, mais aussi un diplôme de théologie pour recevoir le titre de pasteur. Des exigences sur lesquelles le gouvernement ne compte pas transiger.
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